KAZ HAWKINS – Memories Of

House Of Tone
Rhythm 'n' Blues
KAZ HAWKINS - Memories Of

Si vous pouviez confier à Émile Zola la rédaction d’un mix des vies respectives de Billie Holiday et d’Edith Piaf, vous obtiendriez sans doute un reflet fidèle de la biographie de Karen McEntyre, alias Kaz Hawkins. Native de Belfast et abusée sexuellement par un proche dès sa plus tendre enfance, elle garda longtemps cette blessure secrète pour préserver sa famille, mais en vint à s’automutiler (jusqu’à une tentative de suicide), avant de s’engager toute jeune dans des relations sentimentales où, comme il est courant en pareil cas, elle subit à nouveau la violence domestique. Un temps émigrée en Espagne pour échapper à cette domination toxique, elle n’y fréquenta le milieu de la nuit (en tant que DJ) que pour succomber à une autre addiction, dont témoigna plus tard sa chanson “Lipstick & Cocaïne”. Revenue en Irlande, elle y découvrit que ses trois propres enfants y avaient été confiés à l’assistance publique, et il lui fallut près de vingt ans pour parvenir à les rejoindre. Durant cette période, elle se produisit exclusivement dans des cover bands (dont le plus fameux s’appelait Mama Kaz), avant que la révélation de son propre talent de songwriter ne lui apparaisse par le truchement d’une simple guitare acoustique, à la pratique de laquelle elle s’initia en autodidacte. Rétive au milieu du show biz, elle publia trois premiers albums en production indépendante, avant qu’à la suite des festivals Blues Autour du Zinc et Cognac Blues Passions, elle ne décidât de s’établir en France, où ses premières tournées (le plus souvent en duo avec le pianiste Sam York) lui valurent un enthousiasme public comme elle n’en avait jamais connu. Adoptant la France comme celle-ci l’avait spontanément adoubée, la Kaz s’attache à présent à rendre un vibrant hommage à celle qui l’a inspirée entre toutes, Etta James. Outre un destin similaire (ponctué de drames personnels, de dépressions et d’addictions), Kaz Hawkins partage en effet avec cette dernière une puissance vocale et une corpulence impressionnantes, mais aussi (voire surtout) une expressivité émotionnelle à fendre les plus robustes des armures. Comme pour confirmer cette filiation revendiquée, son pseudonyme n’est autre que le patronyme réel de la grande Etta…! Capté live en studio, cet album reprend dix des titres que Kaz interprète au fil du spectacle qu’elle promène actuellement sur les routes. Produite par le grand Wayne Proctor (ex-batteur de The Hoax et King King, et actuel partner du jeune Ben Poole), qui assure évidemment ici les parties dévolues aux drum-sticks, cette rondelle présente notre diva à la tête d’un sextette cuivré, où se distingue, outre le fidèle Sam York aux claviers, le guitariste Stef Paglia. Débutant par le premier hit d’Etta sur Argo (subsidiary de Chess) en 62, “Something’s Got A Hold On Me”, Kaz Hawkins revisite ici avec le respect, la fidélité et l’entrain qui s’imposent, “Security” et “Miss Pitiful” (que Miss James emprunta à un certain Otis Redding), mais aussi les incontournables “Tell Mama”, “Losers Weepers”, “Spoonful” (de Willie Dixon) et “At Last” (avec section de cordes), sans omettre un émouvant “St Louis Blues”, ni sa transposition de “I’d Rather Go Blind” et bien entendu, l’hymne intemporel, “I Just Wanna Make Love To You”. Mieux encore qu’un hommage totalement maîtrisé, une réincarnation!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, August 14th 2020

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Kaz Hawkins sera en tournée française pour promouvoir cet album, et plus particulièrement à Marcq-en-Barœul le jeudi 5 novembre 2020 (Jazz En Nord).

Plus de détails sur cette tournée: ICI

Vous pouvez, vous devez vous procurer cet album en le commandant sur le site de Kaz Hawkins, ICI