KATIE HENRY – On My Way

Ruf Records
Americana, Blues
KATIE HENRY - On My Way

En avez-vous jamais lu, vous, des liner notes ou des communiqués de presse énonçant que “si cette artiste avait certes pu faire illusion avec son premier disque, il est désormais patent, avec le second, qu’elle n’a aucune idée de ce qu’elle fabrique ni d’où elle va, et par conséquent, vous pourriez tout aussi bien faire l’impasse et l’oublier”? Rien d’étonnant donc à ce que Thomas Ruf (qui fit également la promotion de Vanja Sky, Ina Forsman, Dana Fuchs, Samantha Fish, Erja Lyytinen, Katarina Pejak, Tasha Taylor, Layla Zoe, Ghalia Volt, Ally Venable et Ana Povovic) vante tant qu’il peut les qualités de sa dernière protégée en date. Nous nous en tiendrons pour notre part aux faits. Native du New Jersey, Katie Henry a effectivement auto-produit un premier LP en 2018 (High Road), qui lui valut alors un certain succès critique, et suscita l’intérêt du label teuton. À la fois chanteuse, guitariste et pianiste, elle a enregistré ce follow-up à Brooklyn en mai dernier, sous la houlette du producteur Ben Rice (qui assure également certaines parties de guitare). Dès la plage d’ouverture éponyme, on comprend ce qui séduisit ce bon Thomas. Du stompin’ beat (souligné au tambourin) au riff de six cordes acéré, la vocaliste y confirme qu’elle possède le chien nécessaire pour titiller le fantasme de la  féline indomptée, tout en se gardant bien de l’assumer. Avec son vaudeville piano bastringue, le country-rock “Empty Cup” témoigne du double ancrage de la donzelle: une ‘tiag dans le blues, mais l’autre en pleine americana, tandis que l’orgue de Kurt Thum adjoint une touche “Blonde On Blonde” de rigueur. Inclination dylanienne que confirment “Without A Fight”, “Blessings” et “Catch Me If You Can”, dont Lucinda Williams aurait pu faire son ordinaire il y a vingt ans (soli de slide à l’appui). Le blues-rock sudiste et piéton reprend ses droits sur “Bury You”, tandis que la ballade folk de circonstance, “Setting Sun”, célèbre le romantisme d’un soleil couchant (original, n’est-ce pas?). L’ace-harmonicist britannique Giles Robson ne parvient pas à raviver l’intérêt, tant le  bluesy “Too Long” sur lequel il intervient en guest semble justifier son titre. Que le riff de “Got Me Good” paraisse finalement démarqué de celui du “Get Back” des Fab Four ne revêt dès lors plus grande importance. Katie Henry chante certes bien et y met du sentiment (ce “Running Round”, digne d’une jeune Linda Ronstadt), mais on ressent ici la persistante impression d’avoir déjà entendu tout ça ailleurs auparavant. Elle partage l’affiche de la Blues Caravan 2022 avec Ghalia Volt et Ryan Perry, et ce sera l’occasion de vérifier si elle sait se montrer plus convaincante sur les planches qu’au fil de ce disque quelque peu convenu.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 17th 2022

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