KATE WEEKES – Better Days Ahead

Autoproduction
Folk
KATE WEEKES - Better Days Ahead

En dépit d’une physionomie qui pourrait l’apparenter à la fratrie des sœurs Kim et Kelley Deal (des Breeders), la chanteuse, songwriter, guitariste (et depuis peu aussi banjoïste) canadienne Kate Weekes ne relève pas du rock indé, mais de la scène folk. Désormais installée au Québec (après une décennie passée dans la Province nordique du Yukon où, en parallèle de ses activités musicales, elle fut également meneuse de chiens de traineaux), elle a déjà publié trois albums solo, et contribué à deux enregistrements collectifs, tout en participant par ailleurs à un trio intitulé Mavis Vestis Orchestra (avec l’accordéoniste Peter Andrée et le violoniste James Stevens). Largement conçue en période de confinement, sa nouvelle livraison n’en revêt pas moins des accents enjoués, comme sur le “Liminal Space” d’ouverture (ainsi que le conclusif “Time By The Moon”), dans un esprit appalachien réminiscent d’accents irish, avec le violon sinueux de son fidèle comparse Stevens. On ne s’y trouve guère éloigné des climats sonores du film “O’ Brother” des frères Coen, tandis que “All In The Letter” épouse les atours d’une lullaby comme en susurrait naguère Maggie Reilly. On repart bien vite sur les rives de lac Chaplain, au Piémont, avec “Floating Face Down”, dont le banjo heurté débouche sur ces “meilleurs jours en perspective” qui donnent son titre à ce disque, et qu’accompagne languidement la trompette de Brian Sanderson. Une guimbarde introduit l’appalachian rag “Sinking Ship”, et l’on s’élève davantage encore sur les pentes du Mont Sutton, tandis que “Evelyn” y prend la tournure d’un irish reel (composante majeure de l’old time music de cette région escarpée, s’étendant sur une bonne part de la Côte Est nord-américaine). S’appuyant sur des arrangements folky plus contemporains (et seule plage comportant de discrets drums, en surplus de cuivres légers), “Empty Bottles” compense en accessibilité ce qu’elle abandonne de typicité. Avec le timbre mutin de Kate et son banjo omniprésent, “Red Brick Buildings” (sous-tendu par le  bendir de Rob Graves) accomplit une synthèse réussie entre ces deux tendances (folk œcuménique et old time). Dans la veine orthodoxe et dépouillée des débuts de Judy Collins et de Donovan le timbre clair de Kate ne s’appuie sur “Come The Rain” que sur ses simples arpèges de guitare, ainsi qu’une contrebasse et une trompette diaphane. Un album aussi spontané que rafraîchissant, témoignant de la vivacité persistante d’un folk que l’on croirait tout juste avenu, tant sa verve s’y révèle sincère.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, June 1st 2023

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