KATARINA PEJAK – Pearls On A String

RUF Records
Rhythm 'n' Blues, Swing
KATARINA PEJAK - Pearls On A String

D’origine Serbe (comme Ana Popovic), la pianiste, chanteuse et songwriter Katarina Pejak a élu domicile dans notre pays, où elle a épousé notre compatriote Romain Guillot (également co-producteur avec elle de ce nouvel opus). Après ses trois albums parus sur le label autochtone Blues Time, elle en a publié un premier chez nos amis teutons de Ruf en 2019, suivi de peu par celui résultant de sa participation à la Blues Caravan maison, la même année (et l’on eut aussi le plaisir de l’apprécier sur scène l’an dernier, auprès de sa collègue Whitney Shay). Capté au Studio des Bruyères en novembre dernier, voici donc son premier enregistrement entièrement réalisé dans notre Hexagone, proposant, outre dix originaux de son cru, deux covers représentatives de son éclectisme. S’ouvrant sur la plage titulaire (avec pour guest les six cordes de l’immense Laura Chavez), cette collection met indéniablement en valeur le timbre vocal soulful et la dextérité pianistique de la jeune femme. On classera dans le même registre le gentiment chaloupé “Jeremy’s Boat”, “Sunglasses”, le slow three-steps “Too Late” et le soft swing “Woman” (ce dernier featuring le saxophone de Dana Colley, of Morphine fame). La section rythmique que constituent le bassiste Sylvain Didou et le batteur Johan Barrer se plie aux moindres inflexions de la dame, tandis que la guitare et la pedal steel de Boris Rosenfeld s’adaptent à ses plus subtiles variations. Ainsi du feutré “It Only Takes A Song” ou du languide “Notes On Boredom” (au fil duquel Katarina assortit son piano d’une délicate partie de Hammond B3), que l’on pourrait croire tous deux signés de la plume du regretté J.J. Cale. “Excuses” et “Witness” empruntent la touche southern soul d’Aretha Franklin, avant la surprise de la cheffe: son adaptation jazzy du pourtant éculé “Money”, dont Pink Floyd fit jadis le hit single de son blockbuster “Dark Side Of The Moon”! Sa fameuse time signature en 7/4 sied à merveille à la contrebasse de Didou et au drumming ternaire de Barrer, tandis que le chant, les ivoires et le Wurlitzer de Miss Pejak transforment cet hymne anti-capitaliste en mélopée de lounge bar… Celle-ci reprend également le “Honey Jar” de la fratrie roots The Wood Brothers (chroniqués ICI et ICI), dans la veine laid back et funky des antiques Traffic et Blind Faith (Hammond B3 et pedal steel de nouveau à l’appui). Seule plage traduisant les racines balkaniques de cette artiste, le “Slow Explosion” final emprunte un de ces beats chers à Goran Bregovic, sur lequel Katarina conclut donc son album le plus smooth à ce jour. L’Europe centrale dispose ainsi enfin de sa propre Norah Jones… Une nouvelle crooner au féminin? La Pejak en possède manifestement le talent, ainsi que le chien nécessaire.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, March 29th 2024

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