KAT RIGGINS – Progeny

Gulf Coast Records
Blues, Rock, Soul
KAT RIGGINS - Progeny

Avant tout, permettez quelques éléments de contexte. Nous sommes bien en 2022 après Jacques Chirac, et si nous persistons depuis quelques décennies à proclamer urbi et orbi que le blues ne mourra jamais, il va bien falloir en considérer quelques unes des conditions nécessaires. Tout d’abord, comme nous l’expliqua un jour la regrettée Deborah Coleman, on peut être désormais issu de la communauté afro-américaine, et n’être cependant venu au blues que via les Stones, les Yardbirds, Aerosmith ou Led Zeppelin. Cette tautologie ne choquant pratiquement plus que quelques birbes remuglant la naphtaline (et en voie d’inexorable extinction), on peut donc admettre que cet héritage transcende le simple paramètre génétique. Dès lors, se poser en préambule la question superflue (et quelque peu inepte) de quelle étiquette apposer à ce nouvel album de Kat Riggins revient en quelque sorte à se demander qui prévalut dans la chaîne de l’évolution, de la poule ou de l’œuf. Pendant que maints exégètes continuent à s’écharper en pure perte sur ces futilités, venons en donc à ce skeud. Co-produit par Mike Zito (qui en assure les parties de guitare, et le publie sur son propre label), il s’ouvre sur le très rock “Walk On”, qui n’aurait en d’autres temps pas déparé le répertoire de Bad Company (de même que les fiévreux “Espresso” et “Warriors”). À trop vouloir la comparer à Koko Taylor, on ne rend en effet pas justice à Kat Riggins. Née voici 42 ans à Miami, Floride (et non en 1935 à Memphis, ou dans le Mississippi), elle ne bénéficie d’évidence pas du même background que la plupart de ses glorieuses aînées. Et si la discothèque de ses parents regorgeait manifestement de références, Miss Riggins ne cherche en rien à se faire passer pour qui elle n’est pas. Ceci posé, de convaincants soul numbers tels que les ballades “Got To Be God” et “Cross The Line”, l’enlevé “It’s In My Blood”, ainsi que le mid-tempo “Woahman”, avec les six cordes fumantes de Melody Angel (effectivement dignes d’une Etta James), ou encore le gospel ‘”Walk With Me Lord” (qu’elle interprète magistralement a capella) l’ancrent bel et bien dans une tradition qui s’étend de Odetta à Hendrix (dont elle cite le “Voodoo Chile” sur “Promised Land”, tandis que Zito s’en donne à cœur joie), et ce jusqu’au funk (“My City”, avec le rapper Busta Free et la guitare d’Albert Castiglia). Un bon disque, s’adressant donc davantage aux amateurs éclairés qu’aux puristes.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, June 11th 2022

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