KAT DANSER – One Eye Open

Black Hen Music / Proper
Blues
KAT DANSER - One Eye Open

Native d’Edmonton et trois fois nominée aux Western Canadian Music Awards, la Canadienne Kat Danser est une forte femme (et pas seulement au sens physionomique du terme), qui assume fièrement son ascendance polonaise et gitane. Son sixième album en deux décennies n’en présente pas moins une originalité supplémentaire, puisque s’il fut produit (comme son prédécesseur) par le grand Steve Dawson depuis son propre studio à Nashville, la plupart de ses protagonistes n’y ont que très sporadiquement œuvré au sein de la même unité de lieu (voire même de temps). La faute bien entendu à ce satané virus, qui perturba en profondeur non seulement nos existences, mais aussi la plupart des processus d’enregistrement jusqu’alors en vigueur. Les réjouissances s’ouvrent sur “Way I Like It Done”, un original de Kat propulsé par une section de cuivres aux petits oignons, ainsi que les claviers virevoltants de Kevin McKendree et la rythmique swing de Jeremy Holmes (bass) et Gary Craig (drums). La lick de slide qui cisaille le morceau à mi-course est bien entendue de Dawson, qui ne manque jamais de prêter la main aux productions qu’il assure. Le Chicago slow-shuffle s’invite ensuite pour un “Lonely & The Dragon” où l’on croirait entendre Etta James et son émule Janis soupirer dans le même râle fourbu, entre mal d’amour et post-coïtum animal triste. Là encore, c’est aux six cordes de Dawson qu’échoit l’estocade, tandis que les cuivres et l’orgue de McKendree impriment le tangage de rigueur. Signé Gus Cannon, le coquin ragtime “Bring It When You Come” préfigure l’enjoué second line beat louisianais “Frenchmanstreetshake”, qui offre aux cuivres l’occasion de se répandre en une sarabande débridée parmi les artères de New-Orleans, et à Dawson celle d’évoquer Sonny Landreth (dont le “Congo Square” semble avoir prodigué le beat présent). Le même Landreth demeure en ligne de mire pour une poignante incursion dans le Delta du Mississippi, avec une version pétrifiante du “Get Right, Church” de Jessie Mae Hemphill, où le jeu de Dawson réalise des prouesses : sans conteste le sommet de l’album. Le pendant titulaire de ce dernier, “One Eye Closed”, propose la version virago d’une Danser mise en pétard par l’usage compulsif de ce dernier dans la culture nord-américaine: entre Johnny Burnette et Bobby Fuller, c’est sans doute la plage la plus rock de ce recueil. Kat enprunte ensuite la trame du “Mystery Train” de Junior Parker pour en trousser son propre “Trainwreck”, plus proche du rockabilly que du blues. À une boot de là, “Please Don’t Cry” et “End Of Days” emboîtent le pas traînant de la country mélancolique façon Lucinda Williams et Patsy Cline. Grande amatrice de cigarillos (et partant, de musicas cubana e mexicana), Miss Danser choisit de nous quitter sur un paso doble dûment chanté en español, “Mi Corazon”, avec section de cuivres en position mariachi. On n’en attendait pas moins d’une artiste au tempérament si bien trempé.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, January 12th 2021

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Kat Danser – You’ve Got to Move – Live at Blues Summit 7: