KASPER RIETKERK – The Happy Worrier

Karper Riekerk Records / ECN Music / Brubeck Living Legacy
Jazz
KASPER RIETKERK - The Happy Worrier

Natif des Pays-Bas, le saxophoniste alto Kasper Rietkerk étudia l’instrument dès son plus jeune âge, inspiré par de grands noms du jazz comme Cannonball Adderley et Paul Desmond. Après avoir obtenu son master à la Royal Academy of Music, il a collaboré avec des artistes tels que John Caroll, Eddie Chacon ou Jean Toussaint, tout en se produisant au sein du Emma Rawicz Jazz Orchestra et du groupe Batave Das Sound Kollektiv (avec lequel il a enregistré deux LPs et un EP). Relocalisé à Londres, il y publia en 2023 le premier album de sa formation KRSIX, “The Island”. En janvier dernier, cet ensemble a encore sorti un EP “Live In London”, promu lors d’un showcase au légendaire club the Vortex. Entre temps, Kasper s’est vu décerner le Next Step Award de la Fondation VandenEnde, ainsi que le Brubeck Living Legacy Prize fondé par Darius Brubeck (fils du grand Dave, cf. ICI  le documentaire qui lui fut consacré l’an dernier), dont il a consacré les émoluments au projet personnel que voici. En compagnie du guitariste anglais John Parricelli (Loose Tubes, Gary Barlow, Jamie Cullum, Andy Sheppard, Tony Braxton, Seal, Duffy, David Gilmour…), du bassiste et contrebassiste Tom Herbert (The Invisible Band), du batteur Jonah Evans (KRSIX), et avec la contribution de la jeune vocaliste suédoise Rebecca Edlund, Kasper dédie ces douze titres à la mémoire de Martin Hummel, musicologue, pianiste, manager et fondateur en 2015 du jazz label Ubuntu, disparu en janvier dernier. Souvent à la confluence du jazz et de la folk music, Rietkerk entame les festivités avec l’atmosphérique “Lost In Glow”, où son instrument développe des phrases languides sur les accords qu’égrènent les six cordes de Parricelli, proches du son réverbéré de la fameuse Les Paul du regretté Peter Green sur ses propres “Slabo Day” et “Albatross”. Ce climat éthéré se poursuit avec “The Ceiling”. Introduit par la contrebasse de Herbert et ponctué de percussions légères, l’alto de Kasper y dessine des volutes aériennes dont l’écho se prolonge au fil du majestueux “Missing Out On The Important Stuff”, où Parricelli s’autorise une échappée toute en délicatesse. Le ternaire “Blueberry Pancake” renvoie à certains sommets guitaristiques du regretté Phil Miller, tandis que Kasper y assume l’influence de princes du cool tels que Stan Getz, que confirment ensuite “Tea Lights” et le pastoral “Mayfly” (où Parricelli se fend d’un chorus hispanisant sur bossa beat). D’abord proposé sous la forme d’un bref intermède de moins de deux minutes, “Nimbus” figure en extended bonus alternate take, de même que l’envoûtant et apaisé “Scream For Silence”, où le sax appose son contrepoint façon Haendel aux vocalises de Rebecca Edlund (magnifiquement exubérées sur cette seconde version). L’ironiquement intitulé “I Don’t Remember Asking Your Opinion” évoque dans son thème et son arrangement ces pièces de Bach et Gounod transposées au sax alto, et la guitare de Parricelli y participe avec goût. En premier bonus track, le non moins mélancolique “French Balcony” offre un jubilatoire solo acoustique de ce dernier, et précède les deux alternate takes précitées. En synthèse, voici donc un album dont la dimension intrinsèquement contemplative n’obère jamais la profonde musicalité, servie par un jazz quartet sans œillères, mais n’en perdant néanmoins jamais les repères.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, July 13th 2025

Follow PARIS-MOVE on X

::::::::::::::::::::::::::