lo-fi Pop

À l’heure où n’importe quel geek pré-pubère s’avère en mesure de recréer le son des studios Abbey Road depuis sa chambre de lycéen, le concept de lo-fi a non seulement du plomb dans l’aile, mais paraît pour le moins dépassé. Ces considérations ne dissuadant apparemment pas quelques attardés de persister à s’y conformer, cette livraison du dénommé JW Francis n’en assume donc pas moins sa facture résolument bricolo. Auto-désignées “bedroom pop” (comme si l’on se trouvait de nos jours dépourvus d’étiquettes aussi ineptes que superfétatoires), ces onze démos (comment désigner ça autrement?) de JW Francis témoignent de l’indigence où se trouve désormais confinée la production musicale. Ce sympathique binoclard à casquette de hockey n’aurait en effet pas eu l’ombre d’une chance il y a dix ans à peine, et ses efforts désespérés pour paraître de son temps ne dissimulent qu’à grand peine l’anémie de son inspiration. Si “Is That The One” retient vaguement l’attention, ce n’est que par le plagiat éhonté qu’il représente du “Wild Thing” de Chip Taylor, dont l’auteur espère naïvement que nous puissions avoir oublié les adapatations par les Troggs et Hendrix. Faire la manche implique au minimum le courage de braver la météo et les regards indifférents des badauds, et le DIY celui de disposer à minima du talent de Jonathan Richman ou des frangins d’Herman Düne. Ces deux paramètres s’avérant manifestement exempts de cette rondelle, on conseillera à ce glandu d’aller se chercher un vrai boulot, car nous refusons catégoriquement de nous substituer à ses parents.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 25th 2020