JUSTIN WELLS – The United State

Singular Recordings
Americana
JUSTIN WELLS - The United State

“Cet album débute dans l’utérus, et s’achève après la mort”… Euh, tout compte fait, il ne vous resterait pas du Gary Glitter, à la place?… Ou même du Boney M, voire du Abba? Non, parce que là, après le COVID et le nouveau gouvernement (“same as the old boss”, comme disait Pete Townshend, des lunes avant de virer sénile), et avant les vagues de plans sociaux qui se profilent à l’horizon, Nietzsche et Hegel, ça va comme ça, hein… Natif de la Louisiane et résident du Kentucky, Justin Wells semble avoir fait juste assez d’études pour ne plus rien comprendre au pays qu’il habite, et qui sommes nous pour ne pas y compatir? Mais enfin!… Parmi d’autres horreurs, il confesse une adolescence employée à se rebeller contre la country-music commerciale ambiante (trois bons points), pour se replier par réaction vers Pink Floyd et Guns & Roses (la porte, même pas le purgatoire: putain, même Glen Campbell était moins con que ça!). Après quatre albums en tant que frontman de l’alternative country outfit Five On The Floor, notre gars Justin se trouva fort dépourvu quand, tandis que la reconnaissance pointait au prochain virage, la bise survint sous la forme de farewell kisses. En 2016, son premier album solo (“L’Aube Au Loin”, tout un programme) commença certes à lui esquisser l’hypothèse d’une carrière de singer-songwriter, si l’on feint toutefois d’ignorer les statistiques stipulant qu’ils doivent être au minimum 3.857 prétendants à ce même statut, rien que dans le Tennessee. Ce qui nous mène à ce disque, le follow-up ou le sophomore, selon votre niveau en anglais. Un “Americana concept-album”, bon Dieu, qui est prêt pour ça? Comme son titre l’indique, “The Screaming Song” introductif traite de la naissance au monde, et prévisiblement, “The Bridge” et “Farewell, Mr. Hooper” en font autant de notre trépas. À ce stade, une seule question prévaut: personne n’a-t-il donc eu la charité la plus élémentaire d’avertir ce pauvre Justin Wells que ce thême éculé fut déjà abordé à maintes reprises par le passé (notamment via les Pretty things, voici plus d’un demi-siècle, sur leur “S.F. Sorrow”)? Délaissons donc toute velléité de cohérence envers ce foutoir, pour tenter d’en sauvegarder quelques rogatons. “No Time For A Broken Heart”, par exemple, avec ses sempiternelles variations sur le même thême? Désolé, mais hormis cette steel-guitar qui miaule dans le lointain, on n’en retient rien. Cette torpeur que l’on nomme couramment l’ennui nous étreint dès la quatrième plage (la bien nommée “Some Distance From It All”), et comme dans une quelconque salle d’attente, notre attention s’arrête sur les détails les plus saugrenus. Le fait que ce garçon ne chante pas toujours tout à fait juste, par exemple, ou encore que “Never Better” porte en effet le titre idoine, avec son beat inepte hérité de “Another Brick In The Wall”. Dès lors, c’est un peu le chemin de croix. N’importe quel patron grigou de country club du Deep South verserait des compensations immédiates pour épargner à sa clientèle ces affligeants “After The Fall” et “Ruby”. Dommage, car avec les accents vaguement Little Feat de “Walls Fall Down”, “It’ll All Work Out” et “Temporary Blue” (slide fumante à l’appui), ce skeud aurait pu promettre tellement davantage… Désolé, Justin, et bonne chance tout de même, hein…

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 13th 2020

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Concernant cet album, Justin Wells a également précisé que “My name is on the cover, but a community made this album.” , puis: “Birth and death, they’re not the beginning and the end. They’re both just transitions from one thing to the next. I think there’s comfort in that.” … “I found myself thinking about all the tribalism going on right now,” says Wells. “Everything feels so divided, but if you zoom out, you see that we all bleed the same, we all laugh the same, we all cry the same.”