Julian Fauth – Everybody Ought To Treat A Stranger Right

Electro-Fi Records
Blues

J’appose d’autant plus volontiers la note de 4CD à cette galette et à ce brillant musicien que les dernières nouvelles le concernant n’étaient pas brillantes. Je me souviens que lorsque j’avais rencontré Kenny Blue Boss Wayne au Méridien de Paris pour l’interviewer, nous avions évoqué ce jeune artiste que nous aimons beaucoup tous les deux et Wayne m’avait alors appris que Julian s’était fait une quadruple fracture du bras et de l’épaule en tombant dans une fosse d’artiste et que de très nombreux musiciens au Canada donnaient des concerts pour lui venir en aide financièrement. Le CD que j’écoute est la preuve que cela va beaucoup mieux pour lui et nous sommes tous très heureux. Preuve que fraternité et générosité existent encore bel et bien. Les angoisses ayant dû être nombreuses pour Julian, c’est peut-être pour cela qu’il nous gratifie aujourd’hui de 17 tires et 77 mn 50 de pur bonheur. Dire que le garçon est resté six mois sans jouer et qu’il nous offre pareil cadeau…!
Avec lui on retrouve Jay Danley et Donné Roberts aux guitares, Drew Jurecka au violon, Ken Yoshioka à l’harmonica, Tim Hamel et Shawn Nykwist aux cuivres, James Thomson à la basse et Bob Vespaziani, Paul Brennan et Andrew Austin à la batterie. Quelques mots en guise de confidence sont glissés à l’oreille de l’auditeur, expliquant la genèse de chaque titre, et cela confère une certaine intimité avec l’artiste. Dès le premier morceau, on est surpris de l’écouter à la guitare, instrument qu’il n’a plus touché ces dernières années et dont il sort de bien jolies notes! Au passage, quelques traditionnels arrangés, des titres de Blind Willie Johnson, Sonny Boy Williamson, Lightnin’ Slim ou encore le ‘Roll and Tumble’ d’Elmore James ou Muddy Waters. Sinon des compositions personnelles, dix, ou composées avec son guitariste Jay Danley, et un petit rappel historico-musical à la Otis Taylor, avec ‘Angelique’ de Walter Hefferman, pour que l’on se souvienne que l’esclavagisme, au Canada, a duré jusqu’à la fin des années 1830.
Une pépite à classer dans vos indispensables. Un album qui a le feeling, le groove et tutti quanti.

Julian Fauth