Judy Collins – Paradise

Wildflower Records / Naïve
Rock

Judith Marjorie Collins, plus connue sous le diminutif de Judy Collins, est, il faut l’avouer, une artiste exceptionnelle. C’est en effet à l’âge 13 ans qu’elle joua en public un concerto de Mozart, mais c’est la musique Folk qui l’intéressait davantage, celle de Woody Guthrie et Pete Seeger. Elle commença donc par jouer dans des clubs de Greenwich Village (New York), puis signa chez Elektra, qui restera sa maison de disques pendant 35 ans.

C’est en 1961, il y a presque cinquante ans, qu’elle enregistra son premier album, ‘A Maid of Constant Sorrow, interprétant des chansons d’autres compositeurs, tels Pete Seeger, Phil Ochs, Jacques Brel et Bob Dylan. En 1967 elle connut le succès avec son album ‘Wildflowers’ qui comprend ses premières compositions, mais aussi une chanson signée Joni Mitchell, ‘Both Sides Now’, qu’elle contribuera à faire connaitre, tout comme Leonard Cohen. Avec ce titre de Joni Mitchell elle occupera la huitième place au Billboard et recevra un Grammy Award en 1968.
Elle y gagna une solide réputation de songwriter et de chanteuse Folk, ce qui ne l’empêcha pas d’avoir un répertoire plus étendu, avec des chansons de gospel comme Amazing Grace, qui eut un énorme succès, ou encore ses propres compositions comme ‘My Father’, présent sur l’album ‘Who Knows Where The Time Goes?’ et ‘Born To The Breed’, de l’album ‘Judith’. Distribué en 1975, cet album comprend un autre titre désormais mythique, ‘Send In The Clowns’, morceau de la comédie musicale ‘A Little Night Music’ produite à Broadway et pour lequel elle recevra un nouveau Grammy Award.

Artiste engagée, Judy Collins est représentante de l’UNICEF, militant sans relâche pour la suppression des mines anti-personnelles. Profondément touchée par le suicide de son fils, elle mène de longues campagnes de prévention contre le suicide alors qu’elle-même s’était battue en 1962 contre la tuberculose, juste avant ses débuts au Carnegie Hall.

Ce nouvel album, ‘Paradise’, est comme la cerise sur le gâteau, la perle qui rend encore plus belle toutes les autres et cette imposante discographie. La voix sublime de Judy Collins est belle et mélancolique, comme la chanteuse elle-même. Elle vous fait rentrer avec charme dans son univers intimiste que le cristal de sa voix rend palpable. Les finesses harmoniques langoureuses touchent au sublime, comme dans ce superbe ‘Over The Rainbow’. Dès les premières secondes de ce titre qui ouvre l’album, vous rentrez dans l’univers de cette grande Dame et vous n’en sortez plus tant cela vous remue le cœur et le ventre. Les textes content les états d’âme d’une femme dont la vie est marquée de coups de griffes et de rayons de soleil, de climats qu’elle vous invite à partager avec elle.

Deux superbes duos vous sont également proposés sur cet opus, l’un avec Joan Baez sur ‘Diamonds And Rust’, et le second avec Stephen Stills sur un titre de Tom Paxton, ‘Last Thing On My Mind’. C’est d’ailleurs pour Judy Collins que Stephen Stills composa en 1969 la mythique chanson ‘Suite: Judy Blue Eyes’ et qui figura sur le premier album de Crosby, Stills & Nash.

En interprétant, comme il y a cinquante ans, des titres d’autres artistes, Judy Collins nous emmène tout droit au ‘Paradise’. On en ressort bouleversé et charmé.

Frankie Bluesy Pfeiffer
www.myspace.com/frankiebluesy
Judy Collins