J.P. BIMENI & The BLACK BELTS – Give Me Hope

LoveMonk / Discos Buenos
Soul
J.P. BIMENI & The BLACK BELTS - Give Me Hope

Il n’est pas permis de chanter le blues ou la soul sans avoir auparavant suffisamment vécu pour capitaliser quoi que ce soit d’intense et de personnel à transmettre. Dans le cas de Jean-Patrick Bimenyimana Serukamba, la barque était dès l’adolescence bien chargée, puisqu’il faillit laisser sa peau, comme tant de ses compatriotes Tutsi et Hutus, au cours du génocide qui ravagea son Burundi natal dans les années 90. Rapatrié sanitaire à Nairobi au Kenya (un poumon perforé par une balle destinée à lui ôter la vie), ce fils d’un haut gradé de l’armée nationale et d’une mère d’ascendance royale se vit alors attribuer une bourse pour étudier la politique et l’économie auprès de l’université du Pays-de-Galles, puis de celle de Manchester. Féru de musique depuis sa prime enfance, le jeune homme y renoua bientôt avec cette passion intime pour se produire, armé d’une guitare domestiquée en autodidacte, au sein de cover bands londoniens dédiés à la mémoire de Sam & Dave et d’Otis Redding. Repéré par le label madrilène Tucxone Records qui lui offrit l’écrin de son orchestre maison, The Black Belts, il publia voici quatre ans déjà un premier album qui alerta une planète soul déboussolée par les pertes successives de Sharon Jones et Charles Bradley. Si ces références transpirent encore sur son successeur (au fil de vintage soul numbers cuivrés tels que l’engagé “Not In My Name”, le funky “Mathematics”, “Found A Good Thang” ou le chaloupé “Precious Girl”), l’ombre du grand Sam Cooke (lui même idole de Redding) nimbe de luxuriantes ballades comme “Find That Love”, “When Everything Is Wrong” et l’autobiographique “Guilty & Blessed”. Davantage fidèles à la mémoire de ce dernier que Terence Trent d’Arby (qui s’en souvient à présent?), J.P. Bimeni et son band n’en teintent pas moins la plage titulaire d’une savoureuse touche afro-beat, et ses accompagnateurs s’octroient même un titre instrumental dans une veine proche de productions Daptone telles que celles du Budos Band ou du Menahan Street Band (“Ghost City”). True soul never dies, dit-on, et J.P. Bimeni en relève le flambeau sans maniérismes outranciers, mais avec toute l’authenticité nécessaire: un album aussi sincère que brillant.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, January 10th 2022

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En concert mercredi 16 mars 2022 à la Maison Folie Beaulieu, à Lomme (Lille, France), dans le cadre du Jazz en Nord Festival