Journal Intime joue Jimi Hendrix – Lips on Fire

Anticraft – MVS Distrib .
Jazz

Pour qui comme moi a joué du Jimi Hendrix, oser toucher à sa musique, à un de ses titres, peut s’avérer un risque de conflit nucléaire tant le Dieu de la six cordes est, et demeure intouchable.
Ce fut donc, faut vous l’avouer, avec une retenue énorme que j’ai glissé cette galette dans mon lecteur, mais la pochette, psyché et en phase avec le Voodoo Chile, m’a convaincu. Faut écouter. Et j’ai écouté.

Dès les premières notes du premier titre, le doute n’est plus permis, car le trio qui officie est à la hauteur de l’hommage, surtout lorsque vous savez qu’au lieu du mythique trio guitare-basse- batterie, vous avez ici un trio d’enfer composé de Sylvain Bardiau à la trompette, Frédéric Gastard au saxo et Matthias Mahler au trombone. Et vous n’êtes pas au bout des vos surprises car non seulement c’est un trio ‘de souffleurs’ que vous avez ici mais que pour débuter cet hommage hendrixien, vous avez droit à un ‘Foxy People’ signé Frédéric Gastard, une ‘libre’ adaptation de Foxy Lady.

J’en connais qui hurleront au scandale, d’autres à la provoc pour se faire de la pub, quand ce n’est pas pour se moquer et faire croire que c’est une farce, mais foi de guitariste qui s’est fait sur une gratte de droitier les plans d’un gaucher de légende, le gag n’en est pas un un et c’est au contraire à un album exceptionnel que vous avez droit.
Exceptionnel non seulement par la qualité des adaptations (écoutez moi ce génial ‘Angel’!!!) ou la qualité des instrumentistes (z’avez déjà essayer de souffler dans un trombone…?), mais tout simplement génial parce que le talent de ce trio touche du doigt le génie du mythique trio hendrixien. Putain d’expérience que cet opus qui vous file une sacrée baffe de créativité.

On peut maudire ce que l’on veut, dans notre siècle actuel, mais il faut bien dire que si les labels pouvaient nous sortir pareilles géniales galettes plus souvent, le marché du disque et le tout ce qui s’en suit cesserait de nous gémir dans les oreilles, militant pour des lois qui sanctionneront de toute façon les moins doués en informatique. Putain d’expérience que cet opus qui doit faire prendre conscience que lorsque le talent est là, et bien là, rien à foutre des music awards de je ne sais qui, car reste et restera le moment de vérité, le moment culte qui est proche du Graal, la musique qui se fera éternelle, et bien après la fin des campagnes de pub. Le cimetière des mauvais artistes se remplit encore et encore, tandis que l’ombre de Jimi Hendrix plane, encore et encore, telle une seconde étoile du sud.

J’en connais aussi, qui, oh sacrilège, viendront me voir, pochettes des LP de Hendrix en main, me hurler à la confusion des genres car jamais, jamais Hendrix n’aurait accepté de glisser vers le jazz, et surtout le free jazz. Alors je leur expliquerai que Frank Zappa, avant de nous quitter, lui aussi, avait reconstruit des ponts entre rock et jazz, et que si Jimi avait été un peu plus longtemps des nôtres, il aurait lui aussi construit pareils ponts et aurait même fait traverser bon nombre d’artistes des deux berges du fleuve. Surtout qu’en invités, sur cet opus, Jimi a convié Rodolphe Burger (chant et guitare), qui officia avec Jacques Higelin, mais aussi le batteur Denis Charolles pour une exceptionnelle version de ‘All Along The Watchtower’, titre signé à l’origine par Bob Dylan.

Un free-hommage cuivré qui va surprendre plus d'un, c’est sûr, mais qui confortera les fans et tous les amateurs du guitariste gaucher qu’il a indéniablement ouvert la voie à de nombreuses ‘expérience’ qui ne demandent qu’à s’exprimer. Librement.

Un album qui s’avère donc indispensable, à plus d’un titre.

Frankie Bluesy Pfeiffer
Paris-Move
http://www.myspace.com/frankiebluesy


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