JOSH RITTER – I Believe in You, My Honeydew

Thirty Tigers
Americana
JOSH RITTER - I Believe in You, My Honeydew

On le sait, les thèmes du péché et de la rédemption sont constitutifs de la country music depuis ses origines. Et depuis les gospel songs que célébrait la Carter Family jusqu’aux actes de contrition plus ou moins sincères de pécheurs aussi invétérés que Jimmie Rogers, Hank Williams, Johnny Cash, Gram Parsons, Willie Nelson, Porter Wagoner et Townes Van Zandt, la spiritualité et la culpabilité y font autant bon ménage qu’au sein de toute congrégation. À l’aube de la cinquantaine, cette dualité n’est toutefois pas récente chez Josh Ritter. Parsemée de titres aussi évocateurs que “The Beast In Its Tracks” (2013), “Sermon On The Rocks” (2015), “Gathering” (2017) ou “Heaven, Or Someplace As Nice” (2024), sa discographie en témoigne d’évidence. Toujours entouré de son Royal City Band (Zack Hickman, basse, piano et mandoline, Rich Hinman, guitares, pedal-steel, mandoline, Ray Rizzo, batterie, ainsi que Sam Kassirer, claviers, accordéon et production – renforcés ici de trois choristes), il dédie son onzième album à sa muse (tout aussi invisible, capricieuse et désincarnée que chez n’importe quel artiste). Du fier et irréductible “You Won’t Dig My Grave” introductif au sceptique (mais néanmoins inspirant) “The Throne”, ces dix nouvelles chansons emportent l’auditeur dans une quête mystique où se côtoient la fascination face à l’univers infini (le folky “Truth Is A Dimension (Both Invisible And Blinding)”, dans la veine de Woody Guthrie et Jeffrey Lewis), les affres de la crise d’inspiration (le mambo “Honeydew (No Light)” qu’auraient pu signer Tom Waits ou Warren Zevon), l’angoisse au regard des temps troublés que nous traversons (le heavy et tranchant “Kudzu Vines”, dans l’esprit du Lennon de “Mother”), l’effroi que suscite la violence incontrôlée (“Noah’s Children”, dans la veine sonore des premiers Steely Dan), et le salut qu’annoncent et procurent encore l’amour (le sprinsteenien “Wild Ways”, le three-steps élégiaque “The Wreckage Of One Vision Of You” ou le dylanesque “Thunderbird”) et l’empathie (le délicat “I’m Listening”, digne d’Elliott Murphy). De facture riche et variée, voici donc l’album œcuménique et inspiré d’un artiste aussi intrépide que sincère. Que l’Americana soit encore en mesure de proposer ce genre de surprise a quelque chose d’éminemment réconfortant.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, October 30th 2025

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