JOSH RITTER – Fever Breaks

Pytheas Recordings / Thirty Tigers / Modulor
Americana

Il va falloir s’y faire: aussi cruciale que fut leur empreinte sur nos courants musicaux favoris, ni Neil Young, ni même Dylan ne recouvreront jamais leur niveau d’inspiration d’il y a un demi-siècle. “Forever Young”? Allons, soyons sérieux (et “No Future”, on se demande même parfois si cela n’aurait pas mieux valu)… Cela n’empêche nullement leurs émules de prolonger leur sillon. Alors, tandis que les inconsolables de la splendeur passée de ces Anciens s’épuisent dans la quête archéologique du moindre de leurs rogatons encore inédits, des gusses comme Josh RITTER démontrent qu’ils ont assimilé la leçon. Bien qu’il ait enregistré son premier album à 21 ans, ce bon Josh n’a jamais considéré sa carrière que comme un long apprentissage. Conteur intarissable, il revient avec ce dixième album en deux décennies, certes auréolé d’un roman à succès, mais surtout enrichi des rencontres qu’il a effectuées en chemin. Natif de Moscow (dans l’Indiana, et non pas en Russie), c’est en Écosse qu’il commença à susciter l’attention (tandis qu’il y étudiait le folklore local), avant de glisser naturellement vers l’Irlande dans la poursuite de son parcours initiatique. Littéraire jusqu’au bout des ongles, Josh RITTER peut se montrer aussi bavard qu’un vieux nobélisé (les épiques “Torch Committee”, “Silverblade” et “Blazing Away Home” devant chacun autant à Dylan qu’à Nick Drake), tandis qu’il s’avère tout autant capable d’épouser les canons country-folk d’un Johnny Cash (“All Some Kind Of Dream”). Tour à tour sarcastique (l’impavide “Ground Don’t Want Me”), romantique (“I Still Love You (Now And Then)”), lyrique (“On The Water”) et martial (“Losing Battles”, dont le vieux Neil aurait pu faire son ordinaire), l’ex de Dawn Landes aborde la quarantaine avec la vigilance de la figure de proue. Produit par le multi-grammysé Jason Isbell, voici donc un disque qui l’exprime haut et fort: folk’s not dead !

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 20th 2019