| Folk |
Grâce au cinéaste Murray Lerner, le festival de Wight en 1970 est désormais largement documenté. Les prestations de Jimi Hendrix, des Doors, des Who, et même de Taste, ont depuis été intégralement éditées, et le film générique du festival restitue des séquences de celles qu’y livrèrent Family, ELP (Emerson, Lake & Palmer), Tiny Tim, Jethro Tull et Free. Mais ce que révèle à présent, plus qu’aucune autre captation, ce concert de Joni MITCHELL, c’est le hiatus entre la condition des artistes qui s’y produisirent et celle du public de l’époque. Les tensions entre service d’ordre, organisateurs et jeunes radicaux en ont été maintes fois relevées et commentées, mais on n’avait à ce jour jamais démontré à quel point le chaos ambiant avait pu malmener une artiste d’apparence aussi fragile que la Joni MITCHELL d’alors. Elle connaissait certes un certain succès avec ses premières compositions médiatisées (dont le hit “Big Yellow Taxi”, et le “Woodstock” qu’elle avait offert à CSNY), mais ni les promoteurs, ni le public, ne lui facilitèrent alors la tâche. Initialement programmé pour la tombée de la nuit, son passage fut avancé à l’après-midi, en plein cagnard, devant une foule de 600.000 pékins peu disposés à écouter sagement le folk inspiré que leur proposait la frêle silhouette qui se dressait seule devant eux. Dans sa longue robe jaune, et droite dans ses boots, la fluette eut d’abord les plus grandes difficultés à se faire entendre au milieu du chahut. Un lascar aviné qui s’était hissé sur scène tenta même de lui ravir le micro pour haranguer la populace, et il fallut tout le tact et la bienveillance de son manager Elliott Roberts (l’un des plus grands) pour la dissuader alors de jeter l’éponge, et se réfugier dans la caravane gitane que lui avait réservée backstage Donovan. Mais telle Sainte Blandine livrée aux lions, Joni fit face, et après avoir quelque peu sermonné son audience, elle sut retourner la situation à son avantage. La dizaine de titres qu’elle y interpréta témoigne à la fois du talent et du cran qu’il lui fallut pour ne pas céder à la panique. Au fil d’une interview qu’elle donna plus de trente ans après, elle dispense parallèlement ses souvenirs de l’événement. Le terme de performance a rarement paru plus adéquat!
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
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La bande annonce de ce DVD “JONI MITCHELL – Both Sides Now – Live At The Isle Of Wight Festival 1970” est sur YouTube, ICI
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