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Putain de voix, me suis-je exclamé en entendant la première chanson de ‘Pure’, l’album de ce Jondo. Une voix à vous coller des frissons tellement elle a en elle des intonations de Bob Marley lorsqu’il était jeune, la voix de ce Jondo là. Une voix et une guitare acoustique qui vous font illico penser à cette fabuleuse version de ‘Redemption Song’ que Bob Marley avait transcendée en la chantant avec une seule guitare acoustique.
Sûr que pour mieux comprendre qui est Jondo (M.J. Sprung sur son état civil), faut creuser un peu et savoir que Martin Jondo a été élevé à Berlin par un père allemand et une mère sud-coréenne, qu’il a sorti en 2001 sa première chanson, ‘Der Rebell’, publiée sur ‘Elemental Riddim’, qu’il a gravité dans le sillage de Gentleman, star reggae la plus populaire outre-Rhin, avant de se voir couronné artiste-révélation de l’année, en 2004, par le magazine reggae Riddim.
En 2005 il sort son premier album, ‘Rainbow Warrior’, comportant des morceaux alliant reggae roots à du Dub expérimental, mêlant sons acoustiques et modernité. S’en suivront quelques autres albums et tournées en compagnie de son groupe, The Ruffcats, mais en 2008 Jondo quitte le groupe et se recentre sur sa carrière solo. Un choix qui s’avère décisif et qui lui permet d’écrire une douzaine de chanson, avec comme seul instrument d’accompagnement une guitare acoustique.
A l’instar de Bob Dylan et Tracy Chapman, Martin Jondo affine ses textes et les met en musique, seul, face à lui-même, comme si l’heure de vérité avait sonné. Et cette heure de vérité, elle est ‘Pure’, et résonne comme un appel d’air qui balaye tout sur son passage.
L’effet provoqué par cet opus est comparable au premier Tracy Chapman, ou à ce ‘Redemption Song’ sur lequel Bob Marley touche au sublime.
Les douze titres sont tous signés Jondo et sont tous en ligne directe spirituelle avec Bob Marley: ‘Teardrops’, ‘Stranger In This Land’, Reasons’. Rien qu’en lisant les titres, on croit lire ceux d’un opus Bob Marley.
Et après les titres, il y a les paroles, et cette voix. Putain de voix!
Deux titres, en fin d’album, remixés par Jondo pour ‘Good Girl’ et par Don Krutscho pour ‘Little Closer’, vous feront pousser le mobilier de votre salon pour danser le reggae. Deux titres qui feraient presque regretter que le Jondo ne nous ait pas proposé un double opus, avec sur l’un toutes ses chansons en acoustique, et sur le second les mêmes chansons, remixées et dansantes.
Un disque ‘Coup de Cœur’ auquel la note d’Indispensable aurait parfaitement pu être attribuée, mais vu la manière dont le lascar nous ouvre son cœur, c’est forcément un grand Coup de Cœur que nous lui offrons, en retour.
Frankie Bluesy Pfeiffer
Jondo