Pop

Quatrième album en dix ans pour Jon BRYANT, ce natif d’Halifax, en Nouvelle-Écosse canadienne, au rythme régulier d’un tous les trois ans. Désormais basé à Vancouver (siège de son label), il témoigne ici d’une récente expérience traumatisante. Cet idéaliste avait en effet rejoint une organisation non gouvernementale qui s’est avérée une secte aux activités occultes, finalement démantelée par le FBI. Le titre de cette nouvelle livraison n’en prend que tout son sel, et les thèmes qu’y aborde Bryant traitent autant de sa propre naïveté initiale que de sa quête d’absolu et de relations saines et vraies. Tandis que l’on pouvait s’attendre à une austère introspection un brin sépulcrale, “Paradise” plante son décor sur les rivages ensoleillés d’un yacht-rock lumineux, entre Doobies, Ten CC et early-Steely Dan. Plus proche du “Pacific Ocean Blue” de Dennis Wilson que de Christopher Cross et des Eagles, en somme. Les constructions harmoniques de “Superstition” (sans rapport avec le hit de Stevie Wonder), “Ya Ya Ya Ya”, “Don’t Cover Up” et “Out Of The Blue” tiennent ainsi les promesses lointaines des “Surf’s Up” et “Holland” des Beach Boys. Ce qui devrait suffire à situer le niveau de cet inattendu “Cult Classic”, dont l’ironie s’estompe au constat d’une œuvre époustouflante de maestria. Chœurs aériens, mélodies abyssales (“The Fall”, “Did What I Did”, “Party”, “At Home”), groove au pied léger et sophistication sans affectation: depuis leur semi-retraite, Eric Stewart, Sean O’Hagan et Todd Rundgren eux-mêmes doivent en baver de jalousie… En dépit du second degré qu’en suggère le titre, le disque de tous vos prochains étés indiens!

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, August 24th 2019

JON BRYANT – Cult Classic : un album à retrouver sur le site web de Nettwerk Music Group, ICI

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