Jazz |
À l’instar des Trois Mousquetaires, le Jon and John Trio ne se contente pas d’être deux (ni même trois, voire plus si affinités). Après un premier “Children’s Park” en 2020, le pianiste Jonathan Soucasse et le saxophoniste John Massa se sont en effet adjoint le batteur Jérôme Mouriez, et se fraient ensemble un joli parcours, en clubs comme en festivals (de Jazz à Vienne à Jazz à Juan, en passant par Toulon, la Londe et Jazz des Cinq Continents…). Dotés chacun d’un impressionnant bagage (Jonathan est titulaire d’un Diplôme d’État d’accompagnateur de danse, John est issu du conservatoire d’Aix-en-Provence et co-dirige le jazz club marseillais JAM, et diplômé quant à lui du CMDL, Jérôme est d’ores et déjà un batteur demandé sur la scène internationale), nos trois comparses se sont enfermés trois jours durant au studio parisien OHM, en août de l’an dernier. Ils y mirent en boîte ces douze pièces sous l’égide du grand Julien Lourau, et y témoignent d’un dynamisme et d’une créativité impressionnants, comme en atteste le “Good Time” introductif, où Jonathan double ses ivoires d’un Hammond B3 churchy en diable, instaurant avec le drumming musclé de Jérôme et le pumping sax de Jonathan un groove réminiscent de ce que des Brian Auger et Steve Winwood pouvaient proposer de mieux voici un demi-siècle. Versatilité oblige, les time-signatures se compexifient dès le bien intitulé “Beasty”, dont Zappa et Weather Report auraient aussi bien pu faire leur ordinaire (avec ce sax wah-wah posé sur des beats impairs en nombres premiers). Comme l’indique son titre, “Stockholm Afrobeat Syndrome” incline ensuite vers l’Afrique de l’Ouest en convoquant le percussionniste Sebastian Quezada, tandis que le piano de Soucasse vire pour sa part vers le versant latino et lyrique du regretté Chick Corea, et que le sax de Massa se la joue Fela. Vient alors la suite en six mouvements “Dive In Peace/ Bakodo”, où l’on distingue des effluves de spiritual jazz, et dont les thèmes introductifs se retrouvent naturellement en milieu et conclusion de cycle. “Miss Jo” emprunte son piano pattern au cuban son, pour offrir aux anches de John l’opportunité d’arabesques cool façon Stan Getz, avant que “Dive In Peace” ne le propulse sur un lazy funk lascif auquel contribuent à nouveau les percus agiles de Quezada. Advient la valse sépulcrale “Cathedral”, seule plage chantée (avec une infinie sensibilité) par Kevin Norwood, puis c’est vers les climats contemplatifs (et quelque peu angoissés) d’un Van Der Graaf Generator que penche “Lapse Of Serenity” (et non vers le Floyd, comme aurait pu le laisser supposer le titre générique), avant de déboucher sur une apogée libératrice. Un disque à déguster de loin en loin, par immersions successives… La variété des climats et la richesse de leur exécution recèlent en effet la promesse de découvertes renouvelées à chaque écoute. Gare toutefois à l’addiction, vous voilà prévenu(e)s.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, August 11th 2024
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JON AND JOHN TRIO en Concert:
17 Octobre au Sunside (Paris)
18 Octobre au Hot Club (Lyon)
20 Octobre au Centre Solea (Marseille)
19 Novembre à IMFP (Salon)