Johnny Dowd – Wake Up The Snakes

Munich Records
Rock

Le moins que l’on puisse écrire, c’est que le bougre n’en est pas à son coup d’essai. Entre les albums autoproduits, live, le plus souvent, tout comme celui en libre chargement et ceux enregistrés chez Munich Records, on atteint désormais le chiffre clef de 13.
Inclassable, indéfinissable et traversant les modes et les styles de manière spécifique, on peut dire, sans crainte, que nous avons affaire avec Johnny Dowd à un électron libre de la musique rock. Né à Forth Worth, au Texas, en 1948, le musicien continue d’explorer et de défricher des zones qui, jusque là, n’avaient jamais été visitées de la sorte.

Le résultat est à la mesure de l’audace dont fait toujours preuve l’artiste. Avant même de vous en dire davantage, je m’empresse de vous faire savoir qu’il sera de passage à Nancy, le 24 mai 2010, au Festival Musique Action.

D’ici là, découvrez, si vous ne les avez jamais écoutés, quelques uns de ses albums, comme par exemple Wrong Side Of Memphis, Cemetery Shoes, Chain Saw of Life ou A drunkard’s Masterpiece et vous aurez un bel aperçu du bonhomme qu’est Johnny Dowd, car le bonhomme mérite le détour.

Accompagné par une guitariste-chanteuse, Kim Sherwood, un deuxième guitariste à la ‘guitare baryton’, Willie B., un batteur, Matt Saccuccimorano et un organiste, Michael Stark, le texan nous gratifie, une nouvelle fois, de treize morceaux très originaux.
Et pour mieux comprendre encore la filiation musicale du combo et son univers, un coup d’œil sur les invités, car n’étant pas étrangers à l’ambiance si particulière qui envahit cet opus: le guitariste Billy Coté et la chanteuse Mary Lorson, tous deux membres du groupe de rock alternatif new-yorkais Madder Rose, sans oublier Ryan Zawel, tromboniste prestigieux qui a participé à l’aventure ‘Zappa plays Zappa’ et le batteur Tenor Caso, qui officie pour Lazy Devil.

Un opus étonnant, qui fait parfois penser à du Captain Beefheart ou bien à du Lou Reed, mais p… que c’est bon…!!! Rien à jeter. Tout à auditionner, et scrupuleusement.

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine

 

Et voilà un opus qui va réjouir tous ceux qui cherchent et attendent de l’originalité, de la nouveauté épicée et qui n’est pas faite de remix et autres reprises arrangées à la sauce maison sans toute fois pouvoir décoller l’étiquette qui colle à l’emballage.

Ici, on retrouve le goût du risque que prenaient les King Crimson, le Velvet Underground ou Nick Cave en créant leur propre style, leur propre son, sans se poser de question si cela allait marcher ou pas. Juste histoire de traduire en musique ce que l’on a dans la tête, et basta. Ce que Lou Reed et Tom Waits ont fait aussi, bousculant les codes, soufflant sur les normes, jusqu’à les disperser.

C’est dans cet esprit que s’écoute cet opus de Johnny Dowd. On n’est pas dans le formaté, le cadré et recadré, le ‘faut faire parce que’, le policé et le sagement fait. On est ici dans la musique (re)devenue espace de liberté et de création, avec ce grain de folie qui fait d’un titre à l’aspect carré un ovni dans lequel claviers ou guitare se laissent aller à de subtils dérapages qui finalement illuminent le titre, lui donnent cette saveur que tant d’autres ne savent plus nous proposer. Et tout cela, sans prise de tête, sans tentative de formatage complexe, sans musicalité rigidifiée à force d’être novatrice.

Un vrai et intense plaisir d’écoute qui, de plus, vous donne une vraie bonne humeur. Des titres comme ‘Swamp Woman’, particulièrement dansant et ‘Hello Happiness’ au titre évocateur, vous reviendront en tête de manière obsédante toute la journée. Le genre de truc qui vous fait voir le soleil alors même qu’il pleut et que le ciel est gris, qui vous fait sourire les gens dans le métro.

Sûr que des titres comme ‘Time’, lentissime à souhait, sont à savourer avec une écoute particulièrement attentive car ces morceaux sont de véritables bijoux d’orchestrations raffinées qui ont cette légèreté indéfinissable, cette finesse et cette délicatesse qui sont la signature de grands, très grands compositeurs.

Un intense moment de bonheur musical pour tous ceux qui aspirent à autre chose que du formaté et de l’insipide qu’on vous balance à grand renfort de marketing.

A écouter, à découvrir, et à réécouter, encore et encore.

Frankie Bluesy Pfeiffer
www.myspace.com/frankiebluesy
Johnny Dowd