JOHN HASSEL / FARAFINA – Flash of The Spirit

Tak:til / Glitterbeat / Differ-ant
Ethno-ambient
JOHN HASSEL - FARAFINA

Naître en 1937 à Memphis, Tennessee, peut le cas échéant vous prédisposer à un rôle fondateur dans la naissance du rockabilly. Bien qu’il y eût quelques précédents notoires dans ce registre, tel ne fut finalement pas le destin du trompettiste John Hassel. Disciple de Karlheinz Stockhausen et de Terry Riley, il s’immergea ensuite dans l’étude de l’art du vocaliste indien Pandit Pran Nath, dans le but de “parvenir à une dextérité permettant de produire une musique si verticalement intégrée qu’à aucun moment, il ne soit possible pour l’auditeur d’en déterminer la source géographique ni le genre”. Un projet en soi, certes relativement distinct de ceux de Richard Penniman, Ozzy Osbourne et Gene Vincent, mais dont les soubresauts se firent sentir jusque chez des béotiens éclairés tels que Peter Gabriel, John McLaughlin, Jimmy Page ou Robert Plant. Depuis “Brian Jones Presents The Pipes Of Pan At Joujouka” et les collaborations ultérieures de Ginger Baker avec Fela Anikulapo “Ransome” Kuti, les collaborations entre l’Afrique et l’Occident sont devenues monnaie courante. David Byrne et ce bidouilleur invétéré de Brian Eno en offrirent leur propre version à travers le “Remain In Light” de Talking Heads et leur propre “My Life In The Bush Of Ghosts”, et c’est précisément Eno qui se trouve à la manœuvre pour cette rencontre du troisième type entre Farafina, ensemble essentiellement percussif du Burkina Faso, avec l’avant-garde Fourth World qu’incarnait alors John Hassel. On était en 1988, et l’intelligentsia musicale d’alors se sentait des élans dignes d’Henry Morton Stanley. Enregistré par Daniel Lanois (complice d’Eno pour “The Joshua Tree” de U2), cet album (dont la réédition 32 ans après sa parution initiale évoque la périodicité épisodique de la comète de Halley) conserve son caractère à la fois cryptique et fascinant, les sons tour à tour angoissants et élégiaques de l’ambient music s’y mêlant aux beats tribaux des bons sauvages. Difficile à écouter à jeun tout de même.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 10th 2020

Ethno-ambient