John Greaves : Verlaine

Zig Zag / Harmonia Mundi ZZT 080202 www.zigzag-territoires.com
Rock

Gros coup de cœur pour cet opus qui sort du lot des CD reçus ces derniers temps. Gros coup de cœur parce que John Greaves n’est pas un inconnu, même si peu de français savent qui il est – alors qu’il suffirait simplement de dire que le lascar a joué avec Rober Wyatt pour qu’on vous dise ‘Mais c’est bien sûr… !’. Gros coup de cœur parce que l’album est bâti autour des œuvres de l’un de mes poètes préférés, Paul Verlaine, et préféré de pas mal de monde qui a eu à transpirer sur ses poèmes, au Collège,… Gros coup de cœur, enfin, parce que l’atmosphère de l’album vous replonge direct dans l’univers envoûtant de l’auteur (et qui me fait revenir en mémoire un autre CD que je me suis immédiatement repassé après ce ‘Verlaine’ ci, la lecture des Fleurs du Mal, de Baudelaire, par Michel Piccoli, et que je vous conseille vivement,….si vous parvenez à mettre la main dessus !).

Les 11 textes sélectionnés par John servent de trames à des compositions et des arrangements tout en finesse qui trancheraient presque avec le punch du John Greaves bassiste de Robert Wyatt et qui assure ici plutôt bon nombre de parties de clavier. Mais que les fidèles soient rassurés, chassez le naturel et il revient au galop : sur le premier titre, ‘Chanson pour elle’, c’est en effet John himself qui tient la basse. Les compères musiciens associés à l’enregistrement de cette œuvre sont à l’image du maestro : présents et discrets à la fois. Que ce soit Dominique Pifarély au violon, ou Karen Mantler à l’harmonica, Scott Taylor à l’accordéon et à la trompette, ou Matthieu Rabaté à la batterie, tous se fondent avec génie dans les brumes poétiques du duo Greaves-Verlaine. Les prises de son sont exceptionnelles (comme celle du beau ‘Le Piano que baise une main frêle’, prise chez Marcel, ou celle du début de la ‘Chanson d’Automne’, à La Maison de la Radio), et en fermant les yeux sur le livret rouge sang, signe de vie éternelle, on se surprendrait presque à imaginer Rober Wyatt en studio près de John Greaves.

Punaise, ce serait géant, John, si tu pouvais avoir Robert sur scène avec toi, au prochain concert… ! Un autre gros coup de cœur à venir, pour sûr !

Frankie Bluesy Pfeiffer
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John Greaves