JOHN COLTRANE – Live In Paris – 17 novembre 1962

Label : FREMEAUX & ASSOCIES
Jazz
JOHN COLTRANE - Live In Paris - 17 novembre 1962

À l’écoute de l’introduction de ce concert par Norman Granz (dans un français pimenté d’un savoureux accent), on ne peut soutenir que le public parisien de ce début des sixties ait été lésé en ce qui concernait la crème du jazz moderne d’alors. En effet, avant de présenter les musiciens du quartette dit “historique” de John Coltrane, ce bon Norman annonçait pour deux mois plus tard rien moins que le Sonny Rollins trio! Défricheur dès 1955 (auprès de Miles Davis et Thelonius Monk) de voies nouvelles pour un jazz alors en pleine mutation, Coltrane, dont aucun spécialiste ne dénie plus l’importance de nos jours, ne s’en fit pas moins huer lors de sa première incursion européenne en tant que leader de sa propre formation, le 18 novembre 1961 (avec Eric Dolphy). Presque un an plus tard, le public de l’Olympia lui réserva un accueil de rock star. C’est qu’il avait enregistré entre temps deux monuments (“Africa Brass” et l’unanimement célébré “My Favorite Things”), et que l’ex-paria était depuis devenu “hot as hell”! Explorant les confins de la musique tonale, l’ovni natif de Hamlet (Caroline du Nord) bousculait alors les codes d’un jazz dont les ultimes coutures cédaient déjà, et son impact se fit ensuite sentir jusqu’à des combos rock et blues aussi divers que le Butterfield Blues Band (“East-West”) les Byrds (“Fifth Dimension”), les Stooges (“Fun House”), les Allman Brothers (“In Memory Of Elizabeth Reed”) et Television (“Marquee Moon”). Que dire dès lors de son empreinte sur le jazz? Son sax ténor expose le thême du “Mr P.C.” qui ouvre ce live, pour céder bien vite le pas à son trio, McCoy Tyner y saisissant le pied levé pour exposer à loisir toute la sensible dextérité de son jeu mélodique, avant de concéder au bouillant Elvin Jones un tempétueux solo de batterie, et que le patron ne passe napalmiser le tout en rase-motte, avec ces vrilles, trilles et loopings qui établirent sa marque. Après un bon quart d’heure de ce roller-coaster harmonique et émotionnel, le standard “Everytime We Say Goodbye” propose un intermède apaisé avant un “Impressions” de 22’16 et un “My Favorite Things” de près de 24 minutes, au fil desquels on mesure ce que le psychédélisme à venir allait devoir à ces spationautes de l’improvisation modale sans filet. À la fois document et témoignage, voici donc un manifeste: la musique des sphères en action, autant qu’en devenir.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 20th 2020

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