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Avec des titres tels que “Vintage Violence”, “Church Of Anthrax”, “Academy In Peril”, “Paris 1919”, “Animal Justice” ou encore “Words For The Dying”, difficile de prendre John Cale pour l’équivalent gallois d’Henri Salvador. Aussi lugubre que sépulcral, le gonze combine en effet la folie d’un Syd Barrett à la mélancolie maniaco-dépressive de feu son amie Nico, comme en atteste son impressionnant curriculum. Pour nombre de ses admirateurs, le sommet de sa discographie réside en cet album épuisé de longue date, enregistré quasiment d’un trait en 1982. Il est vrai qu’il y coucha la quintessence de son art, depuis les climats crépusculaires du “Marble Index” qu’il avait produit pour Nico, jusqu’à cette pop dérangée caractérisant ses propres “Slow Dazzle” et “Honni Soit”. Ayant longtemps refusé d’en interpréter plus de deux ou trois extraits sur scène (tant les traumas qu’il y évoque demeuraient vifs), il en offre à présent une version remastérisée et augmentée, ainsi qu’une autre lecture, plus radicale encore, avec son backing band actuel (et des inclinations industrielles radicalement opposées aux versions originelles).
Réunies en un double CD, ces deux facettes d’une même oeuvre (disponibles séparément en vinyle) réjouiront autant les fidèles de ce notoire frère ennemi de Lou Reed qu’elles exaspèreront les gardiens du temple. À 73 balais, le vieil iconoclaste en conserve donc sous la pédale: bonne nouvelle.