Jazz, Musique classique

Né à Honfleur, Érik Satie (1866-1925) s’intéressa très jeune à la musique et entra au Conservatoire de Paris à l’âge de 13 ans, mais y étant considéré comme mauvais élève, s’en échappa pour rejoindre l’armée, d’où il sortit réformé en raison d’une maladie. S’installant à Montmartre en 1887, il entreprit d’y composer des œuvres aux intitulés aussi insolites que cocasses. Parmi les plus connues, on citera ainsi “Ogives” (1887), “Gymnopédies” (1888, orchestrée par Claude Debussy) et “Six Gnossiennes” (1890). Il côtoya les mouvements symboliste avec Mallarmé, impressionniste avec Toulouse-Lautrec ou encore Monet, et dadaïste aux côtés de Tristan Tzara et André Breton, mais aussi Aragon, dont il fut en quelque sorte le mentor malgré lui. Musicien et compositeur aussi inclassable que vénéré, il nous quitta il y aura bientôt cent ans. Témoin d’une époque foisonnante qui révéla Debussy et Ravel, mais également les dadaïstes et Cocteau, Satie faisait alors figure d’éminent original, tandis que ses compositions constituent désormais des classiques intemporels, et qu’il est considéré de nos jours comme un précurseur de plusieurs mouvements, dont le néoclassicisme et le surréalisme.

Le Red Star Orchestra est un big band de jazz de dix-huit musiciens, dont le chef d’orchestre, Johane Myran, écrit le répertoire uniquement constitué d’arrangements et de compositions originales. Créé en 2009 (à l’origine pour faire revivre les grandes partitions d’orchestre de jazz), le Red Star Orchestra est devenu un orchestre de création, avec un premier projet en compagnie du guitariste Ninine Garcia (qui ne sera hélas jamais enregistré). En 2011, Johane Myran, alors musicien accompagnateur d’Olivia Ruiz, proposa à cette dernière de monter un répertoire de standards des années cinquante avec des arrangements originaux, et ce fut l’album “Olivia Sings For The Red Star” qui parut en 2012 chez Polydor Universal, suivi d’une tournée de quelques festivals européens. Myran devint alors le chef d’orchestre officiel de la formation. Se souvenant de ses années de Conservatoire, il proposa alors à Thomas de Pourquery de se prêter à l’exercice du grand orchestre et c’est au chant que le saxophoniste en releva le défi, avec le projet “‘Broadways”, dont l’enregistrement sortit chez Label Bleu en 2016. Sorte de recueil de contes musicaux basés encore sur les standards de jazz plus connus, il fut à son tour présenté sur les scènes des plus prestigieux festivals français. Fort de ces expériences, le Red Star Orchestra est aujourd’hui l’un des rares grands orchestres à proposer une musique résolument moderne, empruntant à la fois au langage du jazz, du free jazz, de la musique contemporaine et électronique.
Pour rendre compte du personnage et de sa musique, Johane Myran a arrangé quelques-unes de ses œuvres les plus connues d’Érik Satie, et s’est associé au créateur Grégory Thomas pour proposer une expérience musicale et visuelle unique: un big band et des solistes à la croisée de la fanfare et du jazz, faisant face à un écran où se projette un film d’animation dans lequel on suit Satie dans l’une de ses pérégrinations de Montmartre à Arcueil. Plutôt qu’arranger une nouvelle fois les morceaux du compositeur, Johane Myran a eu l’idée de mettre en musique la marche que Satie effectuait chaque jour entre Montmartre et Arcueil où il résidait, et durant laquelle il composait. L’orchestre représente ainsi Paris et le piano Satie, tandis que la musique explore la relation entre les quartiers qu’il parcourait et les idées musicales qui traversaient son esprit au fil de son périple. Trois compositions originales, “Montmartre”, “Châtelet” et “Arcueil” jalonnent ainsi ce circuit où se croisent “Gymnopédies 1 et 3”, “Ogives”, “Vexations”, “Gnossienne 3”, “Le Tango Perpétuel” et “Le Réveil De La Mariée”… Une relecture aussi respectueuse qu’originale de l’œuvre d’un des plus grands musiciens du XXe siècle.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, October 7th 2024

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En concert le jeudi 28 novembre 2024 à la Maison de la Culture d’Amiens, et le samedi 30 novembre 2024 au 360, à Paris.

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