Pop |
Tandis que la République s’ébaubit de sa propre audace après s’être désigné pour Président un minot d’à peine quarante balais, les ultimes rockers de l’Hexagone ne s’en émeuvent pas davantage. Et pour cause : leur seul véritable aristocrate entame ces jours-ci son huitième quinquennat. Et pour marquer l’événement, réédite à compte d’auteur son premier album solo. Un authentique panégyrique de ses propres obsessions, depuis Kevin Ayers jusqu’à Nick Drake, en passant évidemment par les Stones et le Marc Bolan acoustique qui l’inspira tant. L’épreuve du temps est imparable et seules les œuvres réellement marquantes parviennent à la surmonter. C’est justement le cas des dix compos ciselées que comptait “God’s Clown” à sa parution. De “From Blenheim Crescent To Cheyne Walk” (estampillé 100% Bolan) jusqu’à la plage éponyme, la douze cordes de Johan distille toujours les mêmes frissons, tandis que depuis sa console, la réverbe que lui instille Patrick Chevalot nimbe sa voix de cet écho diaphane qui lui sied tant. En bonus, huit “alternate takes” (pas des brouillons, de véritables arrangements optionnels, le plus souvent somptueux!!), ainsi que “The Visit” et un généreux livret 16 pages. Bon Dieu, laissons les clowns à leurs marottes : Johan Asherton for President !
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Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
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C’est l’un des coups de tonnerre de ce premier semestre, voire de l’année, et c’est provoqué par un troubadour dont les deux ou trois dernières décennies ont refusé d’effacer le nom, tant le bonhomme méritait une reconnaissance mille fois supérieure à celle qui lui fut accordée pendant tout ce temps, Johan Asherton.
Après un passage avec les Froggies puis le Liquid Gang, c’est en 1988 que Johan se lance en solo avec un premier album acoustique devenu culte, “God’s Clown”, sans aucun doute l’un des tous meilleurs albums de la fin des années ’80 et du début des 90’s, produit par un maître, Patrick Chevalot. Dans cet album, les arrangements de guitares et petites percussions accompagnées de quelques claviers sont somptueux, une rythmique complète n’apparaissant que sur un seul titre, “Sally Was No Angel”. Vous ressentirez sur tout l’album les vibrations invisibles des Townes van Zandt, Nick Drake, Tim Hardin et Marc Bolan-acoustique, avec des soupçons de Syd Barrett et Kevin Ayers ici ou là, mais avec toujours et seulement Johan Asherton dans les oreilles. De quoi vous coller des frissons par vagues entières pendant les 10 chansons de cette galette.
Devenu quasi introuvable, car album culte, le vinyle original sera bientôt rejoint dans la série des “collector” par cette réédition en “CD avec bonus”, car côté bonus, le troubadour ne se moque pas du peuple, au contraire ! Ce bon Johan vous offre tout d’abord “The Visit”, une chanson de Marc Bolan enregistrée lors des sessions pour l’album mais parue début 1988 uniquement sur un EP anglais, puis une session acoustique de trois titres enregistrée pour Radio Fréquence Nord, à Lille, fin 1987, et cinq titres de l’album en versions “work-in-progress”, déjà parus sur un CD au Japon, il y a une quinzaine d’années, mais jamais en Europe. Vous comprenez donc pourquoi cet album n’est pas une simple réédition, comme on vous en refourgue bien trop, mais un évènement pour qui aime la vraie bonne musique !
Après l’excellent “Diamonds” sorti il y a deux ans (que je vous recommande vivement !), dont le feeling et la couleur musicale n’étaient pas sans rappeler férocement le rock anglais des Stones et Mott The Hoople, tout comme celui des Froggies, back to the past, enfin, avec ce “God’s Clown” qui secoue le paysage musical de ce début d’année.
Quand l’excellence touche au magique et que les clowns deviennent divins.
Indispensable, absolument indispensable !
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Frankie Pfeiffer
Rédacteur en Chef
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PS : Un regret, un seul, que cette réédition avec bonus ne fasse pas (encore) l’objet d’une sortie en double vinyle, car Johan Asherton mériterait de nous permettre de faire cotoyer l’original de “God’s Clown” et sa reissue version bonifiée.
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“Le plus beau disque de songwriter jamais enregistré par ici.”
(Les Inrockuptibles)
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Kronik de l’album par Susan Lomas : ici
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“Excellent !”
(Kool Kat Music)
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“Car si cet album contient une ribambelle de perfect song sa capacité à traverser les époques tient du vrai prodige !!! Voilà : 19 morceaux pour 62 mn d’éternité à rejouer aussi souvent que vous le souhaiterez !”
(“Voix de Garage”)
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“What I can say lastly is just that the album is HIGHLY RECOMMENDED. Listen, guys!”
(Chronique en Japonais puis en anglais, ici, sur Ulysses’ Magazine)
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