Americana

Another Steve Dawson production, serait-on tenté de mentionner en introduction… Il faut admettre que le slide-guitar wizard de Vancouver (tout aussi brillant au dobro et à la pedal-steel) s’y entend ces jours-ci pour dénicher et cornaquer de prometteuses jeunes pousses (tout en demeurant fidèle à quelques vétérans de son propre cercle). Joe Edwards débarque d’une petit bled rural du Wiltshire anglais, d’où il s’est échappé dès l’âge de seize ans pour s’inscrire au fameux Liverpool Institute for Performing Arts. Une école apparemment sympa, puisque c’est Sir Paul McCartney en personne qui lui y remit son diplôme de fin de cycle! C’est au cours de la dernière tournée du combo folk-rock australien The Wishing Well (qu’il accompagnait à la batterie) que Little Joe entama un carnet de notes, pour y assembler les ébauches d’historiettes constituant la trame des onze vignettes qu’il propose ici. Guère dépourvu de culot, il entreprit ensuite de scruter par le menu les crédits figurant en petits caractères sur les pochettes de ses albums favoris. C’est ainsi qu’il débarqua à Nashville, flanqué de sa guitare et de son batteur de frère, pour y démarcher sans autre forme de procès le grand Steve Dawson. Pourquoi s’embarrasser de protocole ou demi-mesures, en effet? Capté en dix jours dans le studio de ce dernier, ce premier effort se révèle sous haute influence Tulsa time. “Capital Blues”, “Fears”, “Cross The Line”, “Trouble”, “Mine Oh Mine” et la plage titulaire sonnent ainsi comme du J.J. Cale grand teint, tandis que sur le même ton marmonné, “The Gambler” et “Don’t Let The Bastards Get You Down” adoptent la claudication languide d’un Willie Nelson (pedal-steel à l’appui), et que “Beth Song” et “Back On The Road” évoquent les Oklahoma sunsets du regretté Jimmy Lafave. Outre la section rythmique impeccable qu’incarnent Alex Edwards et Jeremy Holmes, et l’orgue du génial Chris Destrin (déjà à l’œuvre sur le dernier Big Dave McLean), le doigté magistral de Dawson se met ici au service de compositions à la savoureuse sagacité. Pour un coup d’essai, voici donc un coup de maître (dont le laid-back groove dément par ailleurs le titre, avec la même ironie qui en sous-tend le contenu).

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 5th 2020

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Joe EDWARDS en tournée européenne (sauf confinement prolongé):
Vendredi 24 avril : The Wharf, Devizes (son hometown), Wiltshire, U.K.
Vendredi 22 mai : Papa Jos, Anvers (B)
Samedi 23 mai : De Bauhaus, Bruges (B)
Lundi 1er juin : Mout Bierfestival, Tilburg (NL)
Jeudi 4 juin : Artliners, Berlin (D)

Site internet de Joe EDWARDS: ICI