JOAN BAEZ – The Indispensable 1959-1962

Frémeaux & Associés
Folk

Pour le “kid” de 14 ans que j’étais (comme disait alors Philippe Manœuvre), Joan BAEZ faisait littéralement figure de répulsif. Au lycée, où l’on nous faisait reprendre la “Ballade de Sacco et Vanzetti” à la flûte à bec, les fans de Deep Purple ricanaient: cette sainte Joan n’était-elle pas en fait Nana Mouskouri sans ses lunettes? Et maintenant qu’elle pourrait désormais passer pour la version U.S. d’Anne Sylvestre, comment pourrait-on réhabiliter pareille chieuse? À l’écoute de ses premiers enregistrements, tout ce qui hérisse le rocker de base s’avérait en effet déjà en place: ces mélismes et maniérismes au pathos exacerbé, ce vibrato de cantatrice du peuple autoproclamée et ces covers à la certitude proche du scoutisme le plus obtus… Mince, mais qu’a-t-il donc pu lui trouver? Car, hormis la connotation érotiquement incorrecte de son patronyme pour de chastes oreilles françaises, que Robert Zimmerman a-t-il pu donc déceler chez cette nonne laïque, qui eût pu l’inciter, à l’orée des sixties, à se compromettre avec cette bonne conscience du radicalisme à la mode Greenwich Village? Ce coffret regroupe en trois CDs l’intégralité de ses quatre premiers LPs (dont un live). Soit 52 adaptations de standards du folk, tel que l’interprétait la génération du Gaslight dépeinte par les frères Coen dans leur remarquable “Inside Llewyn Davis”. Au fil du premier (où elle duettise parfois avec un certain Bill Wood), elle balance ainsi entre sa propre dévotion pour la grande Odetta et les chansons de feux de camp (“So Soon In The Morning”, “House Of The Rising Sun”). Son filet de voix soprano y hulule déjà avec la même conviction qui lui fera traverser le demi-siècle suivant. Une femme et une guitare: le même demi-siècle plus tard, je ne parviens plus vraiment à supporter Deep Purple, et j’ai par contre découvert entre-temps les vertus de Karen Dalton, Michelle Shocked, Suzanne Vega et Alela Diane. Mais l’écoute de Sainte Joan persiste néanmoins à me provoquer de l’urticaire. Dommage, car son jeu de picking sur quelques adaptations bluegrass (tel le véloce “Silver Dagger”) témoigne ici de ses réels talents de guitariste. Sans doute cet arrière-goût de flûte à bec qui me poursuit encore…
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Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
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PS-1: Bruno Blum raconte la jeunesse de Joan BAEZ, sa légende et ses premiers enregistrements dans un superbe livret de 28 pages.
PS-2: Intégralité du tracklistings du coffret de 3 CDs: ICI

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Vous pouvez acheter ce coffret de Joan BAEZ:
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