Joan Baez – Play Me Backwards

Proper – Harmonia Mundi
Rock

Sorti en 1992, ‘Play me Backwards’ vous est proposé en réédition ‘de luxe’ dans un coffret double CD, Joan Baez ayant souhaité compléter l’enregistrement original par un second CD comportant 10 titres totalement inédits. De quoi donc non seulement ravir les (vieux et nettement moins vieux) fans de la Diva du folk, véritable icône de toute une génération soixante huitarde.
Surnommée ‘la reine du folk’ et ‘la madone des pauvres gens’, c’est elle qui imposa Bob Dylan au public américain, puis au monde entier. De sa voix de soprano qui vous colle des frissons et vous serre le cœur, elle vous enchante avec ses ballades dont la mythique ‘Here's to you’, sortie en 1971 et qui fut la bande originale du film ‘Sacco et Vanzetti’.
En 1965, pour enregistrer son sixième album, ‘Farewell Angelina’, Joan Baez fait entrer dans ses compos d'autres instruments, comme la guitare électrique. Plusieurs chansons de cet opus sont d’ailleurs issues de titres signés Bob Dylan, comme ‘It's All Over Now’ et ‘Baby Blue’.
Pour les trois albums suivants, ‘Noël’, ‘Joan’ et ‘Baptism’: A Journey Through Our Time’ sortis respectivement en 1966, 67 et 68, Joan Baez fait appel au compositeur classique Peter Schickele avant de changer de direction musicale et de partir en 68 pour Nashville, Tennessee, où elle fait une session d'enregistrement marathon qui verra la sortie de deux LP. Le premier, ‘Any Day Now’, est constitué uniquement de reprises de chansons de Bob Dylan, tandis que le second, ‘David's Album’, est dédié à son mari David Harris, un activiste anti-militariste, opposé à la guerre du Vietnam et qui sera emprisonné pour non présentation au service militaire. C’est également fin ’68 qu’elle publie ses premiers mémoires sous le titre de ‘Daybreak’.
En 1969, son apparition très remarquée au Festival de Woodstock lui apporte une notoriété internationale tant sur le plan musical que politique. Joan Baez est devenue en cette fin des années 60 le symbole de toute une génération qui refuse la guerre et milite pour la liberté des droits, pour l’égalité entre les races et contre les injustices.

Enregistré en 92, ‘Play Me Backwards’ est nommé au Grammy Awards dans la catégorie ‘meilleur album de folk contemporaine’ (‘Best Contemporary Folk Album’). C'est d’ailleurs pour la chanson ‘Stones in the Road’, reprise d'un titre de Mary Chapin Carpenter, que Joan Baez enregistre pour la première fois un clip video.
Après cet album, elle changera une fois de plus de label en signant avec Guardian avec lequel elle sortira l'album live ‘Ring Them Bells’ en 1995, puis l’album studio ‘Gone from Danger’.

Parmi les titres incontournables du premier opus, à noter les superbes ‘Amsterdam’, ‘I’m with You’, mais aussi et surtout le dernier titre, ‘Edge of Glory’, une sorte de concentré de tous les talents de Joan Baez. L’orchestration y est sublime, et la voix de la Diva absolument prenante. A vous serrer le cœur et les tripes.

Sur le second CD, que des inédits! Dix au total, et dix pépites que vous ne devez louper pour rien au monde, les ‘Play Me Backwards Demos’. Cela commence par un inédit jamais enregistré à ce jour, ‘Medicine Wheel’ dont on se demande dès les premières notes, dès les premières paroles de Joan, pourquoi cette chanson n’a jamais figuré sur un de ses albums. La dame y chante de sa voix d’or, s’accompagnant seule à la guitare acoustique, avant de reprendre une compo signée Mark Heard (RIP) et d’autres titres signés Gary Nicholson, Ron Davies, Janis Ian, John Hadley et Bob Dylan, bien sûr.
Des titres qui sont d’impeccables démos et qui méritaient, il faut bien l’avouer, un album, car il aurait été inconcevable que de tels trésors dorment encore dans les tiroirs. De Joan comme d’autres, d’ailleurs.

Frankie Bluesy Pfeiffer
Paris-Move, Blues Magazine (Fr) & Blues Matters (UK)
Joan Baez