Joan As Police Woman & Benjamin Lazar Davis

Reveal Records / Bertus
World Music

 

Est-ce dû à son perpétuel esprit de résilience ? À 46 ans à peine sonnés, Joan Wasser semble avoir déjà vécu plusieurs vies à plein. Outre ses collaborations avec Lou Reed, Rufus Wainwright et Anthony & The Johnsons, ­elle a survécu aux décès successifs de son compagnon Jeff Buckley et de sa propre mère (qui avait dû l’abandonner à la naissance). Son sixième album solo n’en est pas réellement un, puisqu’elle en revendique ouvertement la co-paternité avec Benjamin Lazar Davis, multi-instrumentiste notamment associé à Okkervil River. Ces deux-là se rencontrèrent dans leur New-York d’élection, après leurs retours respectifs d’Afrique (où Joan se produisit en Éthiopie avec Damon Albarn). Contre toute attente, le résultat de ces pérégrinations ne cède en rien au mode exotique, mais propose une forme d’électro-pop organique où les timbres des deux protagonistes se mêlent sur fond de beat-boxes et de modulateurs synthétiques. Comme chez Kate Bush (à laquelle cette rondelle fait souvent songer), la langueur hypnotique de certaines plages demande plusieurs écoutes avant d’instiller son charme capiteux. Mais dès lors, cet album proto-futuriste s’avère hautement addictif: recommandé.

Patrick Dallongeville
Paris-Move / Blues Magazine / Illico & BluesBoarder
Joan As Police Woman & Benjamin Lazar Davis