JJ GREY & MOFRO – Olustee

Alligator
Americana, Rhythm 'n' Blues
JJ GREY & MOFRO - Olustee

Natif de Jacksonville, Floride (comme les regrettés frères Allman et Lynyrd Skynyrd), le dénommé JJ Grey exerçait encore le noble métier de bûcheron quand il forma son band au tout début de ce millénaire, accordant son timbre puissant et subtilement voilé à sa propension à trousser certaines des plus crédibles vignettes “blue-collar” depuis John ‘Cougar’ Mellencamp. Après deux premiers albums quasiment auto-produits (sur un label aussi local et confidentiel que Fog City), le gang fut découvert par Bruce Iglauer en personne lors d’un concert en plein air à Chicago. Signée en 2007 sur le label au saurien souriant, la formation (rebaptisée au passage JJ Grey & Mofro) devait en publier cinq de plus jusqu’en 2013 (dont un live), avant d’en faire paraître un huitième sur Provoque en 2015. JJ n’avait plus rien proposé depuis, mais si l’on compte son Best Of (“Choice Cuts” en 2009, on vinyl only), cet “Olustee” qui signale son retour à la maison mère est bien sa dixième référence à ce jour. On ne prétendra pas qu’il n’a pas employé les grands moyens pour cet enregistrement “at home” (au studio Retrophonics de Saint Augustine, Florida): à son quarteron courant (guitare, basse, batterie et claviers), il adjoint cette fois, non seulement une pleine section de cuivres, mais aussi un quartette de choristes, et rien moins que le Budapest Symphony Orchestra sur quelques titres (dont le romantique “The Sea” d’ouverture, ainsi que les majestueux “On A Breeze” et “Deeper Than Belief”). On n’assiste pas pour autant à un revirement complet du registre où l’on avait coutume de l’entendre, puisque des séquences telles que les enjoués “Top Of The World” et “Wonderland” fraient en territoire southern soul chaloupé, et que la plage titulaire s’avère un blues-rock incendiaire, où JJ semble avoir trempé son harmonica dans le même kérosène que celui qui enflamme les cordes électriques de Pete Winders sur un solo d’anthologie. La reprise du hit “Seminole Wind” de John Anderson (en 1992) prend ici les accents de ballades skynyrdiennes épiques telles que “Simple Man”, tandis que les bouleversants three-steps “Starry Nights” et “Waiting” associent gospel soul avec deep country feel, et que les funky “Free High” et “Rooster” ravivent la flamme des débuts de Sly & The Family Stone. De vocaliste d’exception, il reste à mentionner que JJ se double en outre d’un graphiste distingué, puisqu’il réalise comme de tradition l’artwork de ce CD, à même d’élargir encore la palette du catalogue Alligator.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, February 18th 2024

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https://www.youtube.com/watch?v=qNJEqf-CsLY

https://www.youtube.com/watch?v=Mi8Tl1EphOs