JJ Grey & Mofro : Country Ghetto

Alligator / Nocturne
Blues

Attention danger, serpent venimeux, vous signale de suite le dessin de la jaquette tandis qu’au dos vous sont glissés ces quelques mots: Don’t Tread On Me. Au travers des 12 compos signées par JJ Grey himself, vous plongez direct dans ces marais où serpents et alligators deviennent vos voisins les plus proches. Atmosphère moite et poisseuse garantie, lardée de ce souffle swamp qui rappelle le maître Tony Joe White. 

Les mélodies sont simples mais d’une grande beauté et il se dégage de l’ensemble une énergie intense qui vous conduit inévitablement à vous demander quand vous y retournerez, là-bas, au pays des marais et des alligators. Montez le son, poussez les basses et écoutez cette voix rauque : même le menuisier du coin n’en a plus de râpe comme celle-ci, rouillée à cœur. Les arrangements sont nickel et si bien torchés qu’on les oublierait presque, le tout se fondant dans un savant mélange bluesy sudiste où l’on savoure des pincées du piment le plus fort. Des titres comme Country Ghetto, Tragic ou By My Side sont de pures merveilles, mais mon coup de cœur va sans hésiter à un blues lent que je qualifierai d’hymne tant il est bourré de vie et d’émotion : On Palestine. La voix de JJ Grey y est torride et grave à souhait, les chœurs immenses, le piano intimiste et bourré de sensualité, la gratte toute en discrétion, plaintive. On Palestine : un énoooorme morceau,…géant, tout simplement. Un truc à vous faire dresser les poils, à vous faire fondre en larmes, à vous faire partir comme volontaire au Darfour ce soir même,…un truc énoooorme. Passé ce moment d’intense émotion, vous replongez tête la première dans le marais, accompagné par le son lointain d’un harmonica. C’est Footsteps et sa gratte acérée, juste avant un Turpentine au rythme calqué sur celui de votre rockin’ chair. Fait chaud mais heureusement que la bière est bien fraîche. Les deux derniers titres sont comme un signe avant coureur de ce qui vous attend, là-bas, dans la lointaine contrée de chez JJ Grey : The Sun Is Shining Down, puis Goodbye.

Un disque bien gras, bien poisseux, mais lumineux à la fois. Un conseil d’ami : vous feriez une grave erreur de passer à côté de ce JJ Grey là.

Frankie Bluesy Pfeiffer
BLUES MAGAZINE©
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JJ Grey and Mofro