Mea culpa, disait je sais plus qui, et Mea Culpa, vous dis-je, en revenant sur cet album signé Jimi D. sorti je ne sais quand, vu que l’opus n’est pas daté, et c’est tant mieux pour moi. Un opus que l’on m’a remis il n’y a pas longtemps et que je n’avais même pas reçu au moment de sa sortie. Dommage pour Jimi et son groupe, car l’objet vaut (largement) le détour. Et une chronique sur Paris-Move.

 

Pour les novices, tout d’abord, Jimi D. est le nom d’un combo, et pas seulement le raccourci du blaze d’un redoutable guitariste du nom de Jimi Drouillard. Redoutable, car le lascar a plus d’un style dans son sac, même s’il est connu et reconnu comme le loup blanc dans la sphère jazzy. Jimi, c’est un toucher de gratte unique qui peut vous envoyer du classik-jazz comme du blues traditionnel, du Zappa comme du hard rock. Son toucher tout en finesse et en subtilités sait passer la zone rouge quand il le faut pour vous aligner des soli à faire retourner dans leur tombe un Frank Zappa ou un Jimi Hendrix.

 

Sur ‘Robin Mood’, un Robin des Bois d’humeur changeante qui se la jouerait très soft, Jimi Drouillard & Co vous proposent dix titres absolument somptueux et tous dignes de figurer dans l’album jazzy de l’année ou dans l’un de ces albums ‘lounge’ qui vous emmènent dans un spa, un hammam, au nirvana ou face au coucher de soleil sur les pyramides d’Egypte.

 

Clin d’œil musical parfaitement maîtrisé, le premier titre, ‘Combo jumbo intro’, est l’entrée en matière qu’il faut. Brève mais appétissante comme ces amuse-gueule des restaus siglés au Michelin. De quoi vous plonger dans ‘Robin Mood’ (le second morceau, mais aussi le titre de cet opus) avec délice, savourant les envolées de Jimi Drouillard à la guitare, Thierry Elliez au piano, Kevin Reveyrand à la basse, Luis Augusto à la batterie et Nicolas Mantazaud aux percussions. Un morceau qui traduit tout le plaisir intense qui a envahit les musiciens lors de la session d’enregistrement de cet album. Je vous dis ‘la’ session et non pas ‘les’ sessions car tous les instrumentaux proposés sur ce CD ont tous été enregistrés en une seule prise, sans overdubs ou autre manip de studio. C’est du ‘live-studio’ et vous l’entendrez, le vivrez en direct, puisqu’à la fin de plusieurs morceaux, comme ce ‘Robin Mood’, par exemple, vous entendrez les musiciens laisser éclater leur joie.

 

Oubli avoué est à moitié pardonné, dit-on, alors bien entendu qu’il faut que je vous dise que sur cet album vous n’avez que des instrumentaux. Les dix titres proposés sont tous des instrumentaux, de très belles pièces musicales, avec tout ce qui peut rendre un album jazzy enchanteur : les envolées de piano, les soli de guitare, les percus discrètes mais présentes à la fois, et cette rythmique qui vous embarque où vous le souhaitez, sans billet retour.

 

Ecoutez ce ‘Latino’ dont le titre, déjà, vous dit ce qu’il en est. Vous n’êtes plus dans votre salon, vous êtes quelque part entre Rio et Madrid, la tête dans les nuages, les doigts jouant du piano sur la table basse. Et que dire de ce ‘Two Sisters’, avec cette guitare baryton qui vous effacera comme par magie vos soucis quotidiens, une guitare baryton au son exceptionnel et œuvre du maître luthier Didier Dubosq (Eden Lutherie). ‘Two Sisters’, un morceau dans lequel guitare et piano se taquinent, jouent ensemble comme des enfants, comme des sœurs. Two sisters.

 

Avec ‘Westrain’, les zikos de Jimi D. vous démontrent que les rythmes qui font bouger, ils savent en produire aussi, et avec maestria, tandis qu’avec ‘Corzeam’ vous avez sans doute le titre idéal pour vos soirées les plus douces, les plus intimes. Un instrumental assassin à la sensualité jazzy à fleur de peau et auquel personne ne pourra résister. Oubliez les bâtons d’encens, les bougies parfumées, les lumières tamisées, le champagne rosé, le canapé recouvert de soie, la nuit étoilée, vous avez tout ça dans ‘Corzeam’ (corps et âmes…). Un instrumental qui justifie à lui seul l’achat de cet opus proposé par Jimi D.

 

Indiscutablement, vous avez à faire ici à de grands, de très grands musiciens, et l’album est tout simplement à l’image de ces artistes: grand, très grand.

 

Frankie Bluesy Pfeiffer

 

 

Par internet, sur : www.jimidrouillard.com