| Blues |
Il est des rencontres qui font ‘flop’ et d’autres qui font ‘tilt’. Celle de Jim Suhler et Alan Haynes est de celles qui apportent quelque chose de plus, de grand, même. Tous les deux sont chanteurs, tous les deux sont guitaristes et tous les deux ont du talent à revendre. Leur rencontre, en ‘live’ sur la scène du Blues Cat Blues Club ne pouvait qu’être un événement, et ce fut événement à la hauteur de l’attente.
Pour ceux qui ne les connaîtraient pas encore, Jim Suhler est le guitariste texan annoncé comme le nouveau Johnny Winter, c’est dire…! Il a croisé le fer avec George Thorogood & the Destroyers, tandis que Alan Haynes a joué lui, de son côté, avec Albert Collins, Hubert Sumlin et Stevie Ray Vaughan, entre autres. Vous voyez donc à qui vous avez à faire et ce que peut donner la rencontre entre deux ‘blues guitar heroes’.
Sur ce ‘live’ enregistré à Dallas (Texas) le duo vous aligne huit morceaux d’un blues brûlant et intense qui, je vous le dis d’avance, ne peut s’écouter à faible volume. Cela démarre fort, très fort, sur une adaptation pour deux lead guitars de ‘Too Poor To Die’, de Louisiana Red. La force du duo est que Jim et Alan peuvent non seulement jouer de la six cordes, mais chanter. C’est Jim Suhler qui assure le chant sur le premier titre, tandis que c’est Alan Haynes qui assure les vocaux sur ‘Knockin’ At Your Door’, chanson signée Eddie Taylor et à laquelle les deux guitaristes rendent hommage en alternant soli de six cordes.
Mais le génie des deux lascars est de ne pas non plus en faire de trop. Les deux grattes sont présentes, bien présentes, mais aucune ne cherche à prendre le pas sur l’autre, à en faire plus, trop. Les notes pleuvent quand il le faut et lorsqu’il y a déluge, il est balayé par une rythmique de feu, composée de Carlton Powell à la basse et Paul Hollins à la batterie.
Autre grand moment que ce ‘I Wonder Why’, signé Freddie King et chanté par Alan Haynes, avant trois compos signées Jim Suhler, et chantées par lui. Trois compos d’un blues bien charpenté qui démontrent que ce Jim là est bien de la lignée de grands bluesmen tels Eddie Taylor et Freddie King.
Le son est charnel et ne connait aucune faiblesse, rendant parfaitement toute l’inventivité et le plaisir de jouer du quatuor. Un plaisir que l’on ressent intensément lorsque les deux guitares bavardent, gazouillent, frétillent.
Dernier titre de cet opus, la reprise de ‘Are You Experienced’, de Jimi Hendrix, qui démontre que le Jimi en était un vrai, de bluesman. [NDLR : Affirmation volontairement énoncée ici, quitte à déplaire à quelques puristes coincés du bulbe]
Prévoyez une bonne douche après la seconde écoute de l’album, car vous sortirez de ce concert comme si vous y étiez, et je peux vous dire qu’un ‘live’ pareil, il pourrait servir de ‘master’ à des nombreux autres groupes ; un ‘live’ dans lequel on retrouve la magie des formations au ton juste et au jeu plein de nuances ; un ‘live’ que vous rangerez, mais pas tout de suite, croyez-moi, juste après les ‘live’ de Johnny Winter.
