JIM KIRKPATRICK – Ballad Of A Prodigal Son

US One Records
Blues-Rock
JIM KIRKPATRICK - Ballad Of A Prodigal Son

De tous temps (et en ce qui nous concerne, au moins depuis le premier British Blues Boom), la first league s’est appuyée sur des hommes et femmes de l’ombre. Attachés de presse, managers, producteurs et assistants certes, mais aussi (et surtout) une cohorte de musiciens aussi dévoués que trop souvent anonymes, du moins aux yeux du grand public. Des sidemen (ou session men, comme les désignaient laconiquement les Kinks en 1966 sur “Face To Face”), au premier rang desquels on dénombrait alors le pianiste émérite Nicky Hopkins, les compétents batteurs Clem Cattini et Bobby Graham, ou encore des pointures telles que Big Jim Sullivan, Jimmy Page et John Paul Jones. Plus près de nous, des guitaristes d’appoint tels que le pourtant excellent Snowy White ne se signalèrent ainsi qu’amplement au dessous des radars, tandis qu’ils officiaient pourtant auprès de main acts comme Pink Floyd, Thin Lizzy ou Mick Taylor. C’est encore le cas de Jim Kirkpatrick, qui, bien qu’œuvrant auprès de pointures telles que Bernie Marsden, Ian Paice ou les populaires groupes anglais FM et Deacon Blue, n’a dernièrement réussi à publier que son second album solo en quinze ans. Qui oserait pourtant dénier à ce dernier son propre droit à l’expression? Even sidemen get the blues, serait-on tenté d’écrire, et un instrumental aussi gorgé de soleil que “Blue Heron Boulevard” (réminiscent des riches heures des Allman Brothers) ou cette claptonerie classic 70’s de “Talk to Me” justifieraient à eux seuls votre souscription. Le reste, de la plage titulaire à de vigoureux rockers tels que les heavy “Be Hard With It” et “Skin And Bone (Part Two)”, est surtout prétexte à des envolées pyrotechniques destinées à démontrer ce que ce bon Jim a retenu des leçons de glorieux prédécesseurs tels que Jeff Beck, Gary Moore et Jimmy Page. Pour faire bonne mesure, les cuivrés “Always On The Road” et “61 & 49” revendiquent à bon droit une filiation skynyrdienne grand teint, à laquelle peu d’amateurs avertis dénieraient toute légitimité. À l’arrivée, voici donc un disque de blues-rock aimablement anachronique, guère éloigné de ce que proposaient naguère encore Savoy Brown (qu’évoquent ici les boogies “No Such thing As A Sure Thing” et Gravy Train”), Robin Trower (“Brave New World”, “All You Have Is All You Need”) et Thin Lizzy. Si cela vous semble déplacé, c’est que vous êtes trop jeune, na!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, January 19th 2022

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JIM KIRKPATRICK – Ballad Of A Prodigal Son (official video):