JIM JONES ALL STARS – Ain’t No Peril

Ako-Lite
Garage, Rhythm 'n' Blues
JIM JONES ALL STARS - Ain't No Peril

La première fois que j’ai vu Jim Jones en concert, ce fut vraiment en coup de vent. Le volume sonore selon lequel il se produisait avec sa Revue était en effet si élevé que je me suis résigné à l’écouter depuis le parking! Ex-frontman de Thee Hypnotics (puis de Black Moses), Jim mena ainsi sa Revue de 2007 à 2014, essaimant sur leur parcours quatre albums (dont une compile), ainsi qu’une fidèle cohorte de zélateurs effrénés. Prolongeant l’expérience avec The Jim Jones Righteous Mind (un seul LP), et ajoutant une section de cuivres à quelques rescapés de la formule initiale, tout en élargissant la palette sonore à certains instruments plus exotiques, cet aimable sauvage nous revient avec son All Stars, pour un premier album capté à Memphis sous ce moniker. Si l’on reconnaît à ses côtés le fidèle bassiste Gavin Jay et le pianiste Elliot Mortimer, l’inspiration s’en révèle quasi-Louisianaise sur “The Devil’s Kiss” (featuring la tigresse de Saint-Louis, notre chère Nikki Hill), avec son rhythm n’ blues louche à mi-chemin entre Tom Waits et Screaming Jay Hawkins. L’atmosphère se réchauffe encore de quelques degrés centigrades avec les funky “Gimme The Grease”, “I Want You (Any Way I Can)” et “Hot Sauce”, rappelant les turpitudes du regretté André Williams pastichant le Godfather Of Soul (pompe et solo de sax baryton sur break-beat salé). Le twist kitsch “It’s Your Voodoo Working” nous ramène le timbre canaille de Miss Hill, tandis que Jim y vocifère comme une goule enragée. Avec ses chœurs neuneus, sa pedal-steel, sa surf guitar lacrymale et son orgue façon Charlie Oleg, le slow “Your Arms Will Be The Heavens” semble échappé tout droit de la B.O. de “Sailor & Lula” ou de celle de “Twin Peaks” (c’est simple, on croirait une version encore alanguie du “I Saw Her” des Groovies). Comme son titre l’indique, “Troglodyte” est une de ces charges garage-funk vaguement idiotes comme les affectionnaient les Fleshtones, les Satellites et Nino Ferrer, tandis que “Chingôn” est un instrumental exotica soul rappelant les Mar-Keys, avant que “You Got The Best Stink (I Ever Stunk)” n’évoque le J.Geils Band débridé de “The Morning After” (le timbre éraillé de Jones s’y rapprochant à se méprendre de celui du Peter Wolf d’alors, tandis que Nikki Hill y minaude telle une panthère en rut): la plage à découvrir en priorité! La titulaire sonne comme Barrence Whitfield reprenant Solomon Burke (ou plutôt comme le diable en personne s’invitant dans une chorale gospel). À ce titre (c’est le cas de le dire), l’autre instrumental, “Drink Me”, invite à une eucharistie des plus païennes (imaginez des nubiles se déhanchant sur un jerk psychédélique dans “The Trip” de Roger Corman), pour conclure sur le mauvais œil que nous adresse “Evil Eye”. Un album de soul perverse et de garage hardcore fleurant bon l’huile de moteur: Jim Jones nous a-t-il jamais proposé mieux?

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 14th 2023

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https://www.youtube.com/watch?v=d7ovAzMLby0

https://www.youtube.com/watch?v=P2h_zeOqD-I