Jazz |
Pianiste et compositeur franco-anglais, Jim Funnell a commencé à se produire dans les clubs de jazz parisiens dès l’adolescence. Diplômé du Berklee College of Music (où il a reçu plusieurs distinctions), il a par la suite remporté le prix de composition des Trophées du Sunside en 2011. Outre ses fréquents voyages en Amérique latine (lors desquels il s’est imprégné des rythmes afro-latins et brésiliens), il a effectué maintes tournées (aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Europe et au Japon), et auto-produit plusieurs albums et singles, enregistrant notamment avec des musiciens tels que Franck Vaillant, David Fiuczynski, Asaf Sirkis, Ryoichi Zakota, Ryo Noritake, Dominique Muzeau et Umberto Echo. Son nouvel album doit son titre à l’observation de Rainer Maria Rilke, selon laquelle “la plupart des expériences sont inexprimables”. Enregistrées au Pré-Saint-Gervais (studio Bopcity), les dix plages qui le constituent réunissent, outre les deux comparses avec lesquels il se produit régulièrement (Chris Jennings, contrebasse, et Jeff Boudreaux, batterie), sa compagne (la percussionniste Akiko Horii). Dès le “Crop Circle Crackle” d’ouverture, on mesure la maîtrise de ce jeune pianiste, dont l’agilité et l’inventivité évoquent tour à tour de grandes figures telles que Bill Evans (la première qui vient à l’esprit), mais aussi Ahmad Jamal, Oscar Peterson et Chick Corea. La comparaison avec le lyrisme sensuel de ce dernier affleure notamment sur le savoureux jazz-bossa “Tree Of Light” (auquel contribuent les percussions d’Akiko), tandis que des pièces délicates telles que “Pioneers”, “Echoes Of Cyan” et “House Of Granate” (où Jennings et Boudreaux s’autorisent une échappée en duo) rappellent davantage la virtuosité subtile d’un Evans, voire celle d’un McCoy Tyner. Mais c’est sur des pièces à la métrique plus complexe que se révèle le plus manifestement la personnalité de Jim Funnell. Ainsi de l’enivrant “Greenpoint Graffiti” (où il dialogue avec les sticks de Boudreaux et les percus d’Akiko, sous le feu roulant de la basse), ou du placide intermède “Nicaea” (qu’il exécute seul). S’exprimant aussi au melodica sur la bossa “Ikigai”, Jim accueille en outre la violoniste Tomoko Okura sur le chaloupé “Asteroid B612”, ainsi que le saxophoniste Nino Wenger sur le “Full Circle” final. Un album vibrant, où le plaisir du jeu transpire à chaque instant la créativité en temps réel.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, November 17th 2024
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