JEWLY – Rebellion

Rock n' Chair / Inouïe Distribution / Believe
Indie rock
JEWLY - Rebellion

Il faut bien l’avouer, parmi tous les envois promotionnels que reçoit le chroniqueur chaque mois, il en est qui s’obstinent à rester scellés. Ainsi de cet album de l’autrice-compositrice strasbourgeoise Jewly. You can’t judge a book by looking at the cover, certes, mais est-ce dû à ce look androgyne à la Mohawk sous peintures de guerre, cet artwork entre graff et message de rupture griffonné au lipstick, ou encore à ce titre générique fleurant le punk à chien? Bref, je le confesse: l’écoute de cet opus a plusieurs fois passé son tour… Après un EP et trois albums en treize ans de carrière, cette artiste de formation classique et jazz (violon, guitare, piano) a pris pour parti celui d’une parité bilingue. Cinq titres en français pour autant d’autres en anglais, avec le soutien d’une team des plus solides: Alexandre Maillard aux guitares (ainsi que Yarol Poupaud sur deux titres), Moon Pilot à la basse et à la production, et Vincent Lechevallier aux baguettes. Dès la plage titulaire qui ouvre le ban, on réalise à quel point nos préventions étaient déplacées. Cette rébellion dûment revendiquée ne s’exprime pas au travers d’un mur de son aveugle d’où n’émergeraient que quelques glaviots bien sentis, mais l’énergie et la révolte bien présentes s’y transportent avec une indéniable musicalité. Le martèlement d'”Alter Ego” appuie ainsi son propos sur une mélodie et des arrangements servant un refrain au slogan en opposition frontale à tous les suprémacismes indentitaires. Si l’on y reste loin du heavy-rock balourd, ses lyrics n’auraient sans doute pas déparé ceux de Bernie Bonvoisin au sein de Trust. Sur un beat et une orchestration synthétique proches de Dépèche Mode et New Order, “Resistance” cède le pas à ce “Construction” entre Jackie Quartz et Jeanne Mas (certes pas les plus valorisantes les références eighties). Proche de PJ Harvey et des Kills, “Feelings” cogne comme la rage d’un confiné se heurtant la tête à des murs capitonnés, avant que la version française de “Rébellion” n’égrène sur un mode plus lyrique le désarroi d’une génération au confluent des oppressions, des menaces et des contradictions. Sur le même thème, “Imbécile” et l’hymne “Différence” (avec un Yarol en verve) traitent des affres adolescentes, avant que “Innocence” et le sensible “Injustice” (révélant sur le tard toutes les nuances de la vocaliste) n’en fassent autant des traumas infantiles. Un disque aussi sincèrement impliqué que temporellement référencé.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, May 22nd 2024

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