JETHRO TULL - Aqualung

Classic Rock

“Sitting on a park bench, eyeing little girls with bad intent”… Sans prolégomènes ni sensiblerie, ce quatrième album presque conceptuel de Jethro Tull, sorti en 1971 chez Chrysalis, va faire bouger les lignes de la culture musicale populaire et se vendre à sept millions d’exemplaires. Elevés au rang de saints laïques par les 600.000 spectateurs du festival de l’ïle de Wight le 30 août 1970, les troubadours anglais retournent enregistrer, non sans difficultés, aux studios Island de Londres – une église désacralisée – avec John Evan (claviers) et Jeffrey Hammond (basse), en même temps que Led Zeppelin (IV). Pratiquer l’anglais fluently est ici un prérequis. On sait gré au chanteur/ flûtiste Ian Anderson de parler d’or, d’ancrer son récit à bon port – l’exclusion sociale (le vagabond au regard torve “Aqualung”, l’écolière prostituée qui louche “Cross-Eyed Mary” reprise par Iron Maiden en 1983) – et de livrer une divagation sophistiquée, entre fiction et réalité, sur Dieu et l’Eglise. Mais le plaisir procuré n’est pas qu’intellectuel. Les 11 titres de ces musiciens, styliciens défenseurs d’une ligne séduisante (brèves ballades folk vernaculaires, parfois colorées des cordes de David Palmer, futur claviériste du groupe en 1976), techniciens dédiés à l’optimisation de la performance (hard rock au style léché sans être pontifiant, bientôt émancipé urbi et orbi), ne peuvent être réduits à une formule et conservent de leur mystérieuse alchimie. Le remix de Steven Wilson (Porcupine Tree), qu’on craignait être l’épilogue coup-de-poing révisionniste par excellence, est salvateur par sa clarté. Associé à l’aquarelle de Burton Silverman, Aqualung est le must-have à l’aune duquel on mesure une carrière… sacrifiée dix ans plus tard aux intérêts commerciaux à court terme.

Jean-Christophe Baugé
BLUES MAGAZINE/ JAZZ NEWS/ LEGACY (DE)/ METAL OBS’/ CLASSIC OBS’/ PARIS-MOVE/ ROCK & FOLK

PARIS-MOVE, May 18th 2021

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Aqualung (Steven Wilson Stereo Remix):