Jesus Volt : In-Stereo

Fairwood Music / Dixiefrog – DFGCD 8605
Blues

 

Putain de baffe ! La pochette cartonnée à peine dépliée et la galette glissée dans le lecteur, on se prend la première baffe, de plein fouet, énorme. Le premier titre suffit déjà à lui seul à rendre compte du niveau musical atteint par ce quatuor qui projette le Blues vers de nouveaux espaces sonores : débuté à fond la caisse, Voodoo in a Motel Room bascule via un phénoménal solo de guitare dans un Blues lent à faire frissonner tous les amoureux de belles guitares.

 

La voix de Lord Tracy est chaude, gutturale, profonde, avec des accents à vous remuer les tripes, dans la droite ligne de Jim Morrison. La gratte de Mister Trio est acérée et chaque note vous marque là où cela ne peut vous faire que du bien, soulevée de terre par une rythmique percutante, exceptionnelle d’autorité, un de ces duos basse-batterie perforants dont la marque de fabrique vous rappellera ceux des grands groupes de rock, les plus grands. La patte du magicien Tony Cohen à l’enregistrement, au mixage et à la prod vous assure un album brûlant de fièvre, captivant, hanté, habité, sublime, et qui prouve le niveau de maturité des gaillards.

 

Les invités, Boney Fields en tête (écoutez le dans Jungle Blues : géant, le Boney, géant !), contribuent avec talent à faire de cet album un chef d’œuvre halluciné digne des galettes pondues en leur temps par les très grands, les incontournables : Led Zep, the Doors, King Crimson ; un album qui distille morceau après morceau ses effets de surprise, osant des associations et des audaces musicales de grande qualité, sans jamais sacrifier à la cohérence de l’ensemble, avec ce son énorme qui est la griffe de ce groupe novateur et désormais incontournable ; un disque lumineux, sans la moindre baisse de régime ; un disque intouchable !

Difficile, voire impossible de vous recommander tel ou tel titre (dommage qu’il n’y en ait que dix), mais je dois avouer que je me suis remis Little Green Men et Only the Devil en boucle, avant de revenir sur Up in Flames et John the Revelator. Impossible de choisir, vous dis-je, tant chaque titre est indispensable. Indispensable, un mot d’ordre qui devrait d’ailleurs figurer en macaron rouge, sur la pochette cartonnée, à côté de ‘In Stereo’, car Jesus Volt fait rugir le Blues, lui donne du poids, une texture, et une nouvelle couleur, le rouge.

 

Un album que vous rangerez ensuite dans les ‘incontournables’, toutes musiques confondues, quelque part entre The Doors, Led Zeppelin, Muddy Waters, Mile Davis, Ray Charles,…


Frankie Bluesy Pfeiffer

BLUES MAGAZINE©
http://www.bluesmagazine.net

L'avis de Lucky Sylvie Lesemne

Lorsque nous avons à chroniquer des disques, nous avons l’avantage (c’est vrai), mais aussi l’inconvénient (aussi) d’en écouter des dizaines et des dizaines, et après toutes ces écoutes de vous dire en quelques mots (le comité de rédaction étant draconien sur ce point !) ce que nous en pensons, et pourquoi nous lui attribuons telle ou telle note, ce qui nous a marqué, touché, ou déplu.

Pour certains albums l’exercice est délicat, surtout lorsqu’il s’agit de reconnaître que nous espérions mieux, que tel CD n’est au niveau des précédents, que celui-ci est légèrement meilleur, ou très nettement supérieur à d’autres,…mais parfois il y a un album qui dès le premier titre, dès les premières notes même, s’avère immédiatement être au dessus du lot de tout ce que l’on écoute depuis des mois, voire plus encore : In-Stereo est sans contestation possible un album de ce niveau là, un de ceux auxquels la rédaction de Blues Magazine n’attribue la note d’Indispensable qu’au compte goutte, un album incontournable et pour lequel les qualificatifs à choisir sont superflus.

Les Jesus Volt ont produit là un grand, un très grand album de Blues électrique, un de ceux que vous réécouterez encore avec plaisir dans des dizaines d’années : un indispensable, c’est sûr !

Lucky Sylvie Lesemne
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