Jesus Volt -Hallelujah Motherfuckers !

Dixiefrog – DFGCD 8656
Blues

Après 10 années passées sur les routes, 700 concerts et 3 albums studio, les Jesus Volt sortent leur premier ‘live’, le genre de galette qui soit vous positionne définitivement sur l’échiquier des grands groupes soit vous enfonce la tête sous l’eau, et pour un bon moment. Combien de groupes se sont noyés en sortant un ‘live’ qui ne reflétait rien de ce que les musiciens avaient pu envoyer de bon en studio alors que d’autres, à l’instar d’albums devenus des références absolues (ref. les ‘live’ de The Doors, David Bowie, Deep Purple, Led Zeppelin, The Rolling Stones,…) ont su produire un cocktail détonnant, explosif et jouissif à plein,…et le ‘live’ des Jesus Volt est de cette veine là : détonnant et follement jouissif.
Faut dire que le combo avait atteint en studio une maturité telle que l’on pouvait même oser graver dans le marbre de la critique que le band avait sans nul doute façonné le blues-rock du XXIème siècle, marquant de son empreinte la musique au même titre que le firent les Doors, le Grateful Dead ou les Stones. D’ailleurs la route que le quatuor empreinte suit la même voie sacrée que les Stones d’il y a….un bail, quand ceux-ci mêlaient le blues au rock, et c’est cette route que le groupe vous fait prendre au travers de son ‘live’, plus seulement blues mais pas uniquement rock.

Les douze titres de l’objet du délit vous feront découvrir ici une version plus acérée du titre enregistré en studio, là un décapage saignant d’une chanson mise à nue sur scène, tandis que sur d’autres titres la guitare de El Tao vous fera vibrer les baffles jusqu’à faire tomber les inutiles cloisons de votre salon.
Le premier titre, ‘Black Bone Dust’, est à l’image de tout l’opus et place en quelques mesures la barre très haut : guitare tranchante, rythmique à faire tanguer des montagnes et une voix, ‘la’ voix de Lord Tracy qui plonge dans les graves, remonte, ondule, s’arrache jusqu’à faire communier le public façon Jim Morrison des grands soirs. Riff de gratte et ‘I Won’t Get Down’ est lancé, démontrant que les Jesus Volt maîtrisent parfaitement sur scène toutes les innovations et prouesses techniques réalisées sur leurs albums studio et qui auraient pu s’avérer un superbe piège à con pour un groupe devant les assumer en ‘live’. Mais là, chapeau bas, car les Jesus Volt font fort, très fort, et la qualité de l’enregistrement de ce concert donné en mars 2008 à Harderwijk, aux Pays-Bas, ne fait que souligner plus encore le talent des quatre lascars. Talent,…le mot est lâché. Un talent qui transpire à grosses gouttes à l’écoute du dynamité ‘Only The Devil’ dans lequel El Tao vous aligne un solo de gratte à vous faire dresser les poils.

Et quand je vous aurais dit que les douze plages de cet opus sont de la même trempe, alors oui, vous aurez compris pourquoi ce ‘live’ là va se retrouver rangé (mais après écoutes répétées) tout près des légendaires ‘live’ des Doors, des Stones et du dirigeable, surtout quand vous vous serez enfilé deux monuments qui valent à eux seuls l’achat de cette galette : ‘Hometown Blues’, un blues lent sur lequel Lord Tracy prouve qu’il est sans doute l’un des plus grands, si ce n’est LE plus grand chanteur-harmoniciste de blues et de rock français, et ‘Up In Flames’, morceau culte sur lequel le groupe dégage une richesse musicale telle que vous vous demandez s’ils ne sont pas deux fois plus nombreux sur scène, les ‘artistes’. Oui, car les Jesus Volt sont des artistes, de vrais de vrai, des artistes qui au travers de leurs chansons vous construisent un univers où le rouge dominant fait valser toutes les couleurs de l’arc en ciel, où la guitare s’échappe en solo devant la chaleur pesante de la basse et la gifle des cymbales, où plus rien ne compte que l’univers magique dans lequel le groupe vous entraîne.

En hommage à Lucky Sylvie Lesemne qui avait adoré ‘In Stereo’ et l’avait noté ‘Indispensable’ pour Blues Magazine, je reprendrais tout simplement ce que Sylvie avait écrit: « …parfois il y a un album qui dès le premier titre, dès les premières notes même, s’avère immédiatement être au dessus du lot de tout ce que l’on écoute depuis des mois, voire plus encore : In-Stereo est sans contestation possible un album de ce niveau là, un de ceux auxquels la rédaction de Blues Magazine n’attribue la note d’Indispensable qu’au compte goutte, un album incontournable et pour lequel les qualificatifs à choisir sont superflus. »

Je pense que là où elle repose en paix, Sylvie m’accorde le droit de dire que ce ‘Hallelujah Motherfuckers!’ est un album incontournable et pour lequel les qualificatifs à choisir sont superflus.

Frankie Bluesy Pfeiffer
Blues Magazine & Paris-Move