JESSE SYKES & THE SWEET HEREAFTER – Forever, I’ve Been Being Born

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Americana
JESSE SYKES & THE SWEET HEREAFTER - Forever, I've Been Being Born

Pour une bio circonstanciée de Jesse Sykes (née Solomon), vous cliquerez pour une fois sur Wikipédia. En ce qui nous concerne, tout ce qui importe, c’est qu’elle soit enfin de retour. C’est vrai, quoi, qu’est-ce qu’elle a bien pu fabriquer depuis son précédent album, paru en 2011 (et chroniqué ICI) ? Était-elle en taule, en retraite dans un ashram, en train de pouponner, ou au service d’un parti Démocrate à présent défait dans les urnes? Plus prosaïquement, puisqu’il semble en fait que tout ceci ne nous regarde pas (et que nous n’en saurons pas davantage), consacrons-nous plutôt à déflorer ce retour inespéré. Car comme si de rien n’était, le “Feather Treasure” d’ouverture abolit d’entrée de jeu les quinze années qui nous séparent de son prédécesseur: sur les délicats arpèges qu’elle échange avec son alter ego Phil Wandscher, Miss Sykes laisse planer une fuzz saturée, comme la prémonition d’une menace en suspens: la stricte continuité de “Marble Son”, en somme. Mais le délicat et éthéré “Gentle Chaperone” renvoie plutôt à son “Like, Love, Lust and the Open Halls of the Soul” de 2007, avec à nouveau ce crescendo de sustain venant renverser in fine la table si bien dressée. Plus orthodoxes, les folky “Dewayne”, “I Still Hear Lorelei”, “Winter’s Empty Pages”, “A New Medium” et la plage titulaire n’auraient finalement pas déparé sur d’antiques albums de Judee Sill ou Karen Dalton, s’il n’était ces chœurs célestes, ces subtils arrangements de cordes et cette sempiternelle guitare électrique pour nous ramener à la raison (qui n’est nullement comparaison). Le country-folk “Dead End Pools” aurait sans doute pu séduire ainsi Dolly Parton, Loretta Lynn et Patsy Cline, mais l’interprétation subtile qu’en donnent Sykes et son gang la préserve de toute surcharge de production. Probablement moins radical et aventureux que put l’être le tétanisant “Marble Son”, ce disque pastoral et apaisé n’en perpétue pas moins la formule fragile et sincère qui caractérise depuis toujours Jesse Sykes & The Sweet Hereafter, tout en s’approchant parfois de ce que proposait à ses débuts la non moins grande Alela Diane (“Oh, My Sitter”, “My Sweet Hereafter”). On prévient tout de même: on n’attendra plus quinze ans pour la suite, OK?

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, December 3rd 2025

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