Et voila un opus qui a l’incroyable mérite de nous proposer de l’excellente musique avec un son et des rythmes qui sonnent vintage. Et ce qui aurait pu être un plantage programmé façon nymphettes R’n’B que l’on formate pour tenter de faire digérer de la soul à des jeunes qui n’ont que la référence de certaines radios commerciales ou de titres téléchargés via leur abonnement téléphonique, devient ici une réussite, un trait de lumière divine dans le ciel triste, sombre et morose de la soul.

 

Sûr qu’après avoir entendu ce ‘Bittersweet Batch’ vous n’écouterez plus la soupe soul actuelle de la même manière et que bon nombre des titres entassés sur votre ordi ou baladeur MP3 finiront à la corbeille car vous allez prendre avec cet album la baffe que vous méritez.

Même si la pochette sera pour certains d’un goût douteux – mais bon, le Jesse Dee, l’est diplômé des arts appliqués aussi, alors faut comprendre… – tout les reste est de très, très, bon goût. Les compos sont admirables et, de plus, jouées dans un ordre qui vous embarque à coup sûr vers la meilleure des sensations, celle d’appuyer comme un malade sur la touche ‘replay’.

 

Les 12 titres, enregistrés en ‘live’ en studio, et sur du matos analogique, sonnent comme s’ils avaient été enregistrés dans les meilleurs studios des maîtres de la soul des 60’s et 70’s. Les cuivres sont monstrueux, lumineux, et semblent tout droit ‘repris’ d’un album de Otis Redding, c’est vous dire la qualité des musiciens et de l’enregistrement. La voix de Jesse Dee, elle, vous transperce les enceintes façon Etta James ou Ray Charles. Le garçon ne se la joue pas James Brown à fond mais plutôt Sam Cooke, avec cette voix de braise que l’on fait vibrer sans forcer. Cela vous prend aux tripes, cela vous fait taper des pieds, des mains, vous poussez le mobilier et vous vous mettez à danser dans votre salon, car la magie de cet opus est également dans ce feu intérieur qu’il vous met. Cela vous secoue les neurones, vous remplace un bon jogging matinal, votre dose de vitamines ou de remontant commandé par erreur via le net, cela vous met en forme, en pleine forme et vous garantit une très belle journée.

 

Côté tendresse, le Jesse vous propose également quelques ballades que vous vous passerez en fin de soirée, en slow qui tue, comme le superbe ‘Over & Over Again’, sans oublier le sublime ‘Remember Me’, avec son intro à la guitare acoustique et cette voix que l’on entend frémir, vibrer, celle d’un homme brisé par le chagrin. Frissons garantis à tous les étages.

 

 

Frankie Bluesy Pfeiffer