Blues

D’abord, il y a la couverture de ce nouvel album, “Unleash The Beasts”, de Jerry T. & The Black Alligators, le quatrième opus tout de même de ce groupe formé en 2014, dont la photo très vintage représente cinq individus, mines déconfites et en tenues rayées, en compagnie de leur gardien, qui vous interroge.
Quels méfaits ont bien pu commettre ces braves garçons? Dans quel guêpier se sont-ils fourrés pour en arriver là? Que font-ils dans cette galère, dans ces bayous de Louisiane où la moiteur vous écrase et les nuées de moustiques carnivores vous harcèlent dès le lever du jour? Que font-ils à travailler comme des forcenés, dans ces champs sur les rives du Mississippi où les fleurs blanches se ramassent et s’emballent jusqu’à la tombée de la nuit. Fileraient-ils un mauvais coton?
Nous pouvons les plaindre, c’est compréhensible, car “où y’a d’la chaine, y’a pas d’plaisir” comme le chantait si bien Maître Jacques Higelin, car ils ont dû en baver, et en voir de toutes les couleurs.
Ensuite, vous écoutez l’album. Et là, vous êtes totalement scotchés! Avec perles de sueur, fruit de leur labeur, vous en prenez pour quasiment 69…minutes de jouissance! Vous écarquillez en grands vos mirettes, les bras vous en tombent, c’est un réel épanouissement pour vos cages à miel. Et vous vous dites, pensant à certains dont les radios nous bassinent à longueur de journée, qu’ils feraient bien d’en prendre de la graine. Fini champagne pour tout le monde et caviar pour les autres, cessez de traîner vos boulets, prenez pour exemple ces Black Alligators, faites nous vivre de votre musique, de vos textes, sinon faites régime, eau claire et pain sec, et allez casser des cailloux à Cayenne!
Bien que le jaguar vienne à l’instant de fuir dans le marais, n’ayez aucune crainte de ces Black Alligators, ce ne sont pas des prédateurs, ils ne vous veulent que du bien. A preuve, cette première composition, ‘Grown Man Wants to Play with Dolls’, un bon vieux Blues traditionnel qui vous met tous les sens en éveil, et ces Black Alligators vont faire bien plus que vous séduire, ils vont vous apprivoiser. Vous faites connaissance avec eux. Autour de Jerry T. ‘La Machette’, au chant et guitares, vous trouvez JP Harmo ‘Sacdos’ aux ruine-babines, Jemm’s Elook ‘Sax Sheriff’ au saxophone, Mr Alex ‘Rico la Fuzz’ aux guitares, Nicolas Hostiou ‘Don Nicorleone’ à la basse, et Fabien Maraguet ‘Fab la Percut’ à la batterie et percussions. Au fil des compos, ‘Three Girls on the Fry’in Pan’, ‘Loving in Vain’, la voix de Jerry T. vous envoûte, l’harmo et la gratte vous ensorcellent sur ‘The Blues had a Baby’ emprunté à Muddy Waters et revisité pour l’occasion, un Blues vitaminé et concentré au parfum d’un bon vieux Rock’n’roll des sixties.
Ensuite, après quelques frissons supplémentaires fortement dosés sur le titre de l’opus, ‘Unleash The Beasts’, premièrement vous bannissez le terme “reprise” de votre vocabulaire, désormais relégué au travail que faisaient vos grand-mères sur les paires de chaussettes, et deuxièmement vous comprenez pourquoi quelques sauriens auraient survécu après la disparition des dinosaures. Car les fauves sont lâchés, assoiffés de renouveau, griffant de leurs pattes quelques standards du répertoire de Jimi Hendrix, Freddy King, Screamin’ Jay Hawkins ou encore George Thorogood.
Attachez vos ceintures sur ce surprenant ‘Voodoo Child’! Aux guitares et au sax soutenus par la rythmique en fête, les duettistes sont en lice. Porteurs de prothèses capillaires, sauf à enfouir la moumoute au fond de vos poches ou de rester aux abris, je n’ai pas d’autre solution à vous proposer, car durant quasiment 14 minutes vous êtes ‘petits’, debouts devant une montagne soufflée par des vents violents… et je vous assure, ça décoiffe…!!
Après cette tornade, remettez-vous de vos émotions et respirez un grand coup avec cette ballade bluesy qu’est ‘When you look at Me’, ressourcez-vous avec ce pétillant ‘I’m going Down’ et laissez-vous parcourir de frissons sur ce ‘I Wish I Could Freeze the Time’, un blues lent de toute beauté. Laissez-vous aller et ne retenez surtout pas cette petite larme d’émotion. Vous êtes dans l’oeil du cyclone avant la tempête! Ce déluge a pour nom ‘I Put a Spell on You’ et vous n’y résisterez pas! Il va tout balayer sur son passage, tel un tsunami. Les guitares explosent, le sax est en pleurs et la voix de Jerry T, sans cesse, monte crescendo. Démoniaque, elle vous prend aux tripes et vous restez là, impuissants, bouche bée, hypnotisés, sans voix, comme le seraient de vulgaires poupées de chiffon. Impressionnant!
Avec ce dernier titre, ‘Highway 49′, totalement sous l’emprise de cet opus ‘Unleash The Beasts’, vous chanterez tous en choeur: “I believe, I believe, I got the Blues this morning”.
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Pour avoir tout dernièrement rencontré Jerry T. & The Black Alligators et avoir assisté à leur concert, dont vous trouverez le reportage ICI sur PARIS-MOVE, je vous assure que ces gars-là ont le Blues dans la peau. Leur musique est emprunte de sincérité et, de plus, ces bluesmen sont très attachants.
J’ai oublié de vous dire que oui, ils sont français, mais même sans les connaître vous l’auriez deviné, car ils font partie de ces groupes qui excellent dans cette discipline qu’est le Blues, dans notre hexagone.
Rejoignez les sur leur page Facebook et procurez-vous cet album ‘Unleash The Beasts’ de toute urgence!
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Alain AJ-Blues
Rédacteur en chef-adjoint
PARIS-MOVE
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L’album de Jerry T. & The Black Alligators est disponible en écoute/Streaming/téléchargement, avec Itunes et Apple Music:
https://itunes.apple.com/album/id1286867946?ls=1&app=itunes