Americana |

Né en janvier 1976 à Whitewater (Wisconsin), Jeffrey Foucault a réalisé six albums solo avant celui-ci (dont un live), et quatre autres sous les vocables respectifs de Redbird et Cold Satellite. Autodidacte, il commença par se faire les doigts à 17 ans sur la guitare de son père, en apprenant l’intégralité du premier album solo de John Prine. Passant ensuite rapidement de Bob Dylan à Townes Van Zandt, il se consacra d’abord à d’humbles travaux manuels (ouvrier agricole, charpentier…), tout en commençant à composer ses propres chansons. C’est ainsi qu’il publia en 2001 “Miles From The Lightning”, avant d’alterner les formations une décennie durant (depuis le groupe de rock typique jusqu’à la formule acoustique en solitaire). Ce n’est qu’en 2013 que Jeffrey Foucault rencontra son alter-ego en la personne de Billy Conway (ex-batteur de Morphine). Ces deux-là commencèrent dès lors à se produire en mode minimaliste (une guitare acoustique et une électrique, toutes deux amplifiées en alternance via un petit combo de 5 watts, et une batterie rudimentaire dont la grosse caisse consistait en une simple valise). Ce nouvel album fut enregistré live en studio en trois jours, au cœur du Minnesota rural, en compagnie (outre le fidèle Conway) de Bo Ramsey (guitariste de Lucinda Williams), Eric Heywood (pedal-steel au sein des Pretenders) et Jeremy Moses Curtis (bassiste actuel de Booker T.). Célébrant la dimension poétique des gestes quotidiens, “Dishes” est une languide valse country bercée par une slide ténébreuse, tandis que “War On The Radio” épouse les tourneries qu’empruntait John Fogerty au temps de ses Blue Ridge Rangers, avec cette sentence définitive: “I Still Believe in rock n’ roll, I don’t care what they try to sell you”. Dès le sépulcral “Blown”, on saisit ce que le pourtant réputé acrimonieux Don Henley perçoit de profond chez Foucault: un sens du drame, de la fatalité et de l’appartenance, s’exprimant par des métaphores intimement liées aux éléments naturels. Le sortilège se poursuit avec la plage titulaire et “Little Warble”, que Van Morrison lui-même n’aurait pas eu grand peine à inclure à ses propres “Beautiful Vision” et “Common One”. Là où l’humeur agreste se transcende en un mysticisme quasi-animiste, l’auditeur se trouve tout à coup désorienté, en un paysage pourtant familier. Rien dans l’instrumentation ne bouscule cependant ses habitudes, mais le propos n’en diverge pas moins sensiblement des sentiers battus. C’est que le locuteur abolit dès lors toute distance avec son auditoire pour le toucher droit au cœur. “Cheap Suit”, “Rio” et le bien intitulé “I Know You” perpétuent ainsi le miracle d’accéder à l’universel, en parvenant à interpeller chacun à titre personnel. “Dying Just A Little” et “Pretty Hands” ne font qu’achever de sceller ce pacte. La marque des songwriters d’exception, s’il en est.
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, February 22nd 2020
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Jeffrey Foucault en tournée anglaise en avril (avec Ry Cavanaugh) :
Mercredi 1er : The Railway Inn, Winchester
Jeudi 2 : The Water Rats, Londres
Vendredi 3 : Gosvoc City Theatre, Newcastle-upon-Tyne
Samedi 4 : Foxlowe Arts Centre, Leek
DImanche 5 : The Greystones, Sheffield
Lundi 6 : Kingsmead House Concert, High Wycombe
Mardi 7 : The Butterfly Collector, Barry (SW)
Mercredi 8 : The Rose & Monkey Hotel, Manchester