Rock |
Imaginez que vous ayiez eu 18 ans en 1977, et que le punk vous ait laissé de marbre (comment peut-on se tromper si souvent d’accord quand on n’en maîtrise que deux?). Que le disco vous révulsait, et que le jazz-rock vous faisait bâiller… Pour peu que vous aimiez la guitare, que vous restait-il alors (à part Segovia)? Réponse: les rééditions des Yardbirds, Dr. Feelgood, The Jam, Television et “Blow By Blow” de Jeff Beck. Car quoi qu’en prétendaient alors les gardiens de chapelles, tout ceci appartenait à la même lignée. Jeff Beck, ce maverick… Tellement imprévisible et impulsif que sa carrière se résume à un incessant va et vient entre impasses et sommets, ainsi qu’entre expérimentations foireuses et coups d’éclat. Alors, le voir célébrer bravachement un demi-siècle de montagnes russes sur la scène du Hollywood Bowl comporte quelque chose d’émouvant. À 73 balais, El Becko ressemble désormais à Bill Wyman, et l’aréopage de tueuses qui l’entoure (basse à 6 cordes, guitare rythmique et mégaphone) évoque un croisement entre le harem de Prince et celui de Khadafi. Dernier des trois ex-lead-guitarists des Yardbirds à pouvoir encore faire parler la foudre (les deux autres, perclus d’arthrose, se contentant désormais de faire fructifier les rééditions de leur back-catalogue), ce bon vieux Jeff revisite ici pas moins de cinq extraits de leur répertoire (dont le “For Your Love” qui valut, dit la légende, à son prédécesseur de rendre son tablier). Mais aussi son fameux “Beck’s Bolero”, ainsi que le toujours poignant “Cause We’ve Ended As Lovers” de Stevie Wonder, avant de conclure sur deux adaptations bluffantes du “A Day in The Life” des Beatles et du “Purple Rain” de Prince. Au registre des guests, Buddy Guy, Billy Gibbons, Jan Hammer, Steven Tyler, Beth Hart et Jimmy Hall attestent que ce Jeff Beck là est bien de sang bleu.
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Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
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