Blues |
Soyons clair, ce nouveau venu n’en est absolument pas un. Leader et frontman de la formation tennessienne Little Boys Blue (5 albums en 25 ans de carrière, dont les derniers déjà sur Vizztone), le chanteur-harmoniciste JD Taylor est allé s’enfermer au Nord du Mississippi, dans les studios du regretté Jim Dickinson et sous la houlette de leur nouveau gérant, Kevin Houston. On pourrait vous faire le coup du générique, et énumérer sans grand mérite le killer line-up présent à ses côtés (pas moins de cinq guitar-slingers inscrits au tableau, dont John Restivo et Landon Stone), mais l’essentiel ne réside même pas là. Rumba rhythm n’ blues louisianais (“Cocomo”), southern Memphis soul cuivrée façon James Carr (les impayables “Nothing Left To Say” et “At First Glance”, avec en prime le vétéran Hammond B3 master des studios Hi du regretté Willie Mitchell, le Révérend Charles Hodges in person), Texas et Chicago shuffles straight up your face (“Got Me Where You Want Me”, “By All Means”), sans omettre le funk de Nola sauce Meters (“If It Ain’t Good”), le swing-jump à la George Smith (“Hanging On”, “The Coldwater Swing”), le vrai-faux “Messing With The Kid” (“Ooh Wee”), ni le swamp blues estampillé Jimmy Reed, Lazy Lester et Slim Harpo (“Honey Honey Baby”): cet album est un inventaire à la Prévert des musiques du Sud non confédéré. Question harmo, le lascar dessoude littéralement dans le registre old-school, entre Junior Wells (dont on redécouvre tardivement l’empreinte prégnante sur le dernier demi-siècle) et les Paul Butterfield et Kim Wilson des débuts. Certes, le grincheux de service (il y en a toujours un) objectera que ce disque n’apporte rien de nouveau sous le soleil et scrogneugneu, mais la performance réside justement dans sa capacité à faire sonner le tout comme s’il venait d’être (ré)inventé: frais, vivace, jovial et dansant. De toute façon, comme me l’asséna un jour le grand Big George Jackson: “you just cannot modernize perfection”… Mesdames et Messieurs, ne prêtez donc aucune attention aux aigris, voici assurément l’un des blues albums majeurs de l’année. Et cochon qui s’en dédit.
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, July 30th 2020
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JD Taylor – The Coldwater Sessions
Format: CD
Label: VizzTone Label Group
Release: 2020
JD Taylor – The Coldwater Sessions – Tracklisting:
01. Got Me Where You Want Me
02. Ooh Wee
03. Nothing Left To Say
04. Cocomo
05. At First Glance
06. By All Means
07. If It Ain’t Good
08. Hanging On
09. Honey Honey Baby
10. Anastasia
11. The Coldwater Swing