Blues, Folk |
Étrange, cette propension actuelle incitant certains métalleux réformés à débrancher les Marshalls pour se consacrer à ce qu’ils s’imaginent être le blues acoustique… One-man band poitevin transplanté en banlieue lyonnaise, Jaypee-Jaypar semble le dernier avatar en date de cette lubie. Et pour sympathique qu’il demeure, il n’en conserve pas moins quelques séquelles de son passage par la case métal (la plus génante s’avérant son timbre vocal parfois poussé jusqu’au guttural). Et quand (DIY oblige) il se risque à une version home-studio du fameux “Hallelujah ” de feu Leonard Cohen (beat-box midi à l’appui), on suspecte une parodie concoctée par les Monthy-Python… Pour sincère que se révèle sans doute la démarche, celle-ci pêche toutefois par des références trop disparates en pareil registre. On songe ainsi furtivement à une rencontre improbable entre Keziah Jones et les Meteors autour d’un brasero Oï (“Strictness Is The Enemy”), et la plage titulaire ainsi que le trop bien intitulé “The Same Old Blues”, en tentant d’instaurer une langueur pesante, pêchent surtout par longueur et monotonie. Il subsiste heureusement quelques raisons de se réjouir, comme les savoureux klezmer-calypsos “William The Grey” et “Ghost Track”, ou encore la reprise du “Where Did You Sleep Last Night” de Leadbelly (dont Nirvana s’était également goinfré). Le heavy Delta-blues hanté “Why Should I?”, et les ballades aériennes “Tale From A Dying Man” et “City of Lights” figurent également à ce palmarès. En résumé, le bonhomme a manifestement potassé son picking et sa slide, mais Mississippi John Hurt n’a jamais eu besoin de beat-box, et Lightnin’ Hopkins n’aurait sans doute pas su qu’en faire. Un artiste probablement capable de bien mieux que cela… Chiche?
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, January 30th 2020
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JAYPEE-JAYPAR – Meet Me Again, un album à retrouver sur son Bandcamp, ICI
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