JARLE SKAVHELLEN – Beech Street

Nettwerk Music Group
Americana, Indie Folk
JARLE SKAVHELLEN - Beech Street

OK, boomer! L’invective par laquelle les quinquagénaires (et leurs cadets) se cramponnent de nos jours encore à l’illusion de leur adulescence prolongée. Car il faut bien l’admettre, le mainstream dominant arbore plus que jamais les capacités mémorielles du poisson rouge. Faîtes le test: mentionnez donc Fred Neil, Gene Clark ou Phil Ochs dans une conversation, et l’on vous considèrera d’un œil de merlan frit. Pourquoi pas Berthe Sylva ou la Goulue, tant que vous y êtes? Mais les béotiens ne savent pas ce qu’ils perdent, car depuis certains ilots de résistance (comme Oslo, en Norvège), la perspective semble autoriser encore quelques reliquats de recul historique. Qui, de nos jours, se soucie encore de songwriters majeurs tels que Harry Chapin? Réponse: des types tels que ce Jarle Skavhellen, au sex-appeal d’os de seiche, mais dont la mémoire semble immunisée contre l’obsolescence programmée. Après un premier (et prometteur) “The Ghost Of Your Smile”, ce Scandinave bon teint s’est rendu à Portland pour en enregistrer le follow-up, sous l’égide du producteur Tucker Martine (My Morning Jacket, Sufjan Stevens, The Decemberists, Neko Case). Et dès le “Drive” introductif, on y pressent la martingale. S’ouvrant sur de délicats arpèges de guitare acoustique et de piano, une basse et une batterie discrètes y précèdent ces arrangements orchestraux qui tissent un écrin vaporeux au timbre clair d’un singer-songwriter de la trempe de Harry Nilsson. Le charme se prolonge sur la comptine “Lion” (dans la veine du Cat Stevens de “Tea For The Tillerman”, qu’évoque également “Anyway/ Anyhow”), et avec son banjo picking, “Winnebago” s’inscrit dans la veine d’americana revivalists tels que Josh Ritter ou Adam Holt. Quant à “Just Not Ready To Let Go”, “Home By 5” (et sa subtile slide), le déchirant “Montana”, “Crash & Burn”, “Back To Being Strangers” et le splendide “Northern Lights”, ce sont sans doute les pastiches les plus aboutis du regretté Jim Croce qu’il nous ait été donné d’apprécier en près d’un demi-siècle. Avec ses placides envolées lyriques et sa production ciselée, un album d’une émouvante méticulosité, dont la plage titulaire (bref instrumental rêveur) résume la démarche esthétique: classic songwriters never die.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 9th 2021

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L’album de JARLE SKAVHELLEN, “Beech Street” (vinyle noir et/ou vinyle signé par JARLE SKAVHELLEN), est à commander ICI

JARLE SKAVHELLEN – Anyway/Anyhow (Lyric Video):

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