Blues |
Le problème du blues est notoire: il est devenu une musique de vieux, jouée par des vieux, pour des vieux, et a cessé de se renouveler. “Blues will never die”, c’est ça. Comme le ska ou le tigre en Chine, il persistera bien, sous une forme ou une autre, en captivité, ou pire encore, dans un musée… C’est que l’équation est loin d’être aisée: chaque fois que le business tenta de brandir un nouveau prodige dans l’espoir de relancer l’affaire, il s’agit de petits blancs de moins de seize ans, qu’on retrouva ensuite carbonisés, ânonnant en pure perte un blues-rock bavasseur et sans issue. Car qu’on l’admette ou non, le blues est un art communautaire, dont la périclitation résulte principalement de son éloignement de la jeunesse afro-américaine. Contre toute attente, la relève, la vraie, ne pouvait donc venir que de là… Bonne chance: essayez de parler blues à un rappeur! Mais réjouissons nous, les miracles existent parfois: à moins de trente balais, le jeune Jarekus Singleton déboule avec une formule qui n’appartient qu’à lui (ou presque). À la tête d’un quartet 100% black (et de sa génération), il rapatrie à la maison la furie de Stevie Ray pour l’infuser à son propre blend: un mix hautement inflammable de shuffle, de funk et de soul, qu’il assaisonne en outre de paroles en phase avec son époque. Mauvais perdant…?
En tout cas, ce garçon ne triche pas une seconde, et vous n’imaginez pas à quel point ça change.
Paris-Move